C'est une belle découverte que ce livre René-Guy Cadou par Michel Manoll. Je l'ai catégorisé dans les biographies, mais il s'agit vraiment d'une biographie de poète, écrite avec une grande sensibilité. Edité depuis quelques décennies (depuis 1954) par les éditions Seghers dans leur collection Poète d'aujourd'hui, ce petit livre nous invite à découvrir René Guy Cadou, poète ayant vécu entre 1920 et 1951. Les textes, écrits par un ami libraire du poète, sont beaux, sensibles et éclairants. Ils sont accompagnés de photographies et d'extraits de correspondances, traces de cette vie fulgurante.
Pour une fois, je vais reprendre la 4e de couverture :
René Guy Cadou (1920-1951) demeure parmi nous comme Orphée dans le chant des sources et des sèves. Enraciné mais aérien, triste mais émerveillé, fraternel mais libre, ce voyant, ce vivant, cet homme des pays d'Ouest nous devance sur les routes de partout, sur les routes de toujours.
Une belle découverte, vraiment, qui donne envie de se plonger dans l’œuvre poétique de René Guy Cadou et dans celle de sa femme Hélène Cadou.
L'opinion des docteurs à l'égard de ma poésie ne m'importe guère. Pour moi qui dit poésie dit incantation - une incantation que je retrouve d'ailleurs dans Villon ou dans Apollinaire, dans Morven le Gaëlique ou Milosz. Qui dit incantation ne dit pas romance, ni Toulet, ni Prévert. Les surréalistes ont remplacé la voix par le télégraphie morse, en 1948 certains jeunes gens y croient encore. Et je n'ai rien à faire avec ces tortureurs du verbe qui confondent amour avec abjection.
Les chiens qui rêvent
Les chiens qui rêvent dans la nuit
Il y a toujours un poète qui leur répond par une petite lueur
Tirée comme un bas jaune sur une maigre lampe.
Et l'on ne sait rien du poète
Et l'on se cache de ces chiens
Qui tirent sur leur chaîne comme s'ils remontaient
Du fond de la journée un seau lourd de ténèbres
Mais l’homme qui se tient penché sur sa jeunesse
Et la main répandue comme un trieur de grains
Reconnaît dans la voix confuse de ces bêtes
La diane doucement poignante du destin.
Hélène ou le Règne Végétal, 1947
Avec en prime un bel extrait d'une lettre de Reverdy à René Guy Cadou :
Mon cher Cadou,
Que ce soit le silence ou que ce soit la nuit
Que ce soit la lumière ou que ce soit le bruit
quand la substance de l'amour est assez dense
quand l'amitié plante ses griffes dans l'absence
Rien ne change
Rien ne fléchit
Editions Seghers.
Et pour aller plus loin, les sites : http://rene-guy-cadou.fr/
et https://www.cadou-poesie.net/