Les feuilles pas mortes

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lundi 24 septembre 2018

Out - Natsuo Kirino

out

C'est en cherchant un roman policier japonais que je suis tombée sur Out de Natsuo Kirino, auteure ayant remporté de nombreux prix littéraires.

Quatre femmes travaillent dans une fabrique de paniers-repas, la nuit. Quatre femmes qui sont différentes facettes d'une représentation de la solitude et de la misère sociale japonaise. Oui, il y a des crimes, du sang, du fait divers, mais là où Natsuo Kirino excelle, c'est dans la lente description d'une société où les femmes ne valent pour les hommes que par leur beauté quand elles sont jeunes ou par l'argent qu'elles ramènent au foyer quand elles sont "fanées".

L'intrigue est bien menée mais pour moi, elle est surtout le prétexte à la description de la vie de femmes dont on ne parle que rarement : des ouvrières, de nuit qui plus est, célibataires endettées ou mère de familles délaissées; des femmes qui s'épuisent au travail, coincées dans leur vie quotidienne. Leur portrait n'est pas flatteur : elles agissent comme elles peuvent et ne sont pas mues par de grands idéaux. L'argent détermine souvent leurs actions : elles en ont besoin pour rembourser leurs dettes, garder leur toit sur la tête ou gagner leur liberté. Ce sont des victimes dont on ne peut attendre grand chose...

Les hommes valent encore pis : ils boivent, jouent, dépensent dans la débauche l'argent durement gagné par les femmes ou exploitent de belles jeunes filles dans des clubs de prostitution.
Une société sans pitié où des femmes sans histoire se retrouvent, par solidarité et appât du gain, dans de sordides situations. En parallèle, on découvre la chute d'un gérant de club de prostitution et de jeux, un oppresseur au sombre passé.

Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue (d'ailleurs la 4e de couverture de l'édition que j'ai lue en disait beaucoup trop, pour attirer l'attention sur l'aspect "thriller" du titre). Bonne découverte !

Une légère odeur de friture flottait dans l'air, mêlée à des bouffées de gaz d'échappement provenant de la route de Shin-Ômé. Elle émanait de la fabrique de paniers-repas où Masako allait travailler. "J'ai envie de rentrer." Chaque fois qu'elle sentait cette puanteur, ces mots lui échappaient. Mais rentrer où? Une chose était certaine : pas à sa maison, qu'elle venait de quitter.


Une épouse travailleuse pouvait avoir du bon, mais pour un mari paresseux, c'était remuer le couteau dans la plaie. Yoshié se souvint de son mari, mort de cirrhose cinq ans auparavant. Plus elle se mettait au service de sa belle-mère, plus elle contribuait à l'économie du ménage en faisant de petits travaux à domicile; mais plus elle se démenait pour la famille, plus elle agaçait son mari.


Ca ne l'enchantait guère de travailler la nuit, mais il y avait peu d'employeurs prêts à engager une mère de famille obligée de s'absenter dès qu'un enfant tombait malade. Avant d'être embauchée à la fabrique de paniers-repas, elle avait travaillé à temps partiel comme caissière dans un supermarché. Mais après avoir refusé de travailler le dimanche et s'être absentée pour rester plusieurs fois près d'un de ses fils alité, elle avait été licenciée sans autre forme de procès.

dimanche 23 novembre 2014

La Salamandre - Ibuse Masuji

lasalamandre.jpg Dans ce recueil de nouvelles disponible en Picquier poche, le Japonais Masuji Ibuse, nous offre six textes mêlant regard pointu sur la société, finesse psychologique et références aux contes traditionnels. Que dire si ce n'est que c'est très bien écrit (avec une mention donc pour la traductrice Martine Jullien, puisque je ne lis pas le japonais) et d'une extraordinaire délicatesse... Les animaux sont très présents dans ces récits et leurs situations font souvent écho aux tourments internes des hommes. Prenez le temps de découvrir cet auteur et son regard bienveillant sur la société japonaise, ses hommes, la vie. Pour ma part, je poursuivrai cette lecture par Pluie noire.


Elle eut l'idée de nager en rond, en essayant de profiter au maximum de l'espace dont elle disposait. Ainsi font les hommes quand ils broient des idées noires. Mais le logis de la salamandre était loin d'être assez vaste pour lui permettre de tourner en rond.


Dix ans, déjà, que me voilà tracassé pour une histoire de carpe.


M'étant approché sans bruit de l'oie blessée, je la soulevai de mes deux mains. J'eus aussitôt l'impression que la chaleur de son plumage d'oiseau migrateur passait doucement dans mes bras. Ma surprise de la trouver si lourde éclaircit quelque peu le sentiment de tristesse qui ne me quittait pas cette année-là.


Elle avait l'air grave, elle était plongée dans ses pensées. Elle n'avait cessé de joindre ses deux mains exactement comme si elle avait gardé précieusement un grillon qu'elle aurait attrapé. Puis elle avait paru embarrassée, comme si elle ne savait plus que faire du grillon qu'elle avait dans les mains et, une fois passée la gare de Yokohama, elle m'avait adressée pour la première fois la parole.


Pour tout dire, les cinq yens de la nuit précédente étaient depuis longtemps dépensés - en tabac, enveloppes, cordonnier, dîners -, rien n'allait comme je voulais. J'étais bien plus tracassé par le billet de cinq yens et par la boîte de gâteaux que si j'avais commis un vol. Quand j'étais enfant, j'avais une fois volé l'offrande de l'autel de Bouddha pour m'acheter un hameçon, mais cela ne m'avait pas préoccupé à ce point.


- Ces gens qui ont la manie d'écrire des lettres, ça les fait presque tomber en extase. Ils écrivent, ils effacent, ils sont complètement pris. Il leur arrive même d'écrire des choses qu'ils ne pensent pas. Ca n'est pas vrai, madame? - Plus ou moins... Et puis mon Shunmi, il met aussi des poèmes dans ses lettres, je peux bien vous le dire. Même quand il est en train de manger, il lui arrive parfois de compter sur ses doigts cinq-sept-cinq.



Grimmy

jeudi 1 mai 2014

La Prière d'Audubon - Isaka Kôtarô

priereaudubon.jpg Pourquoi et comment le héros (pas très glorieux) de ce roman se retrouve sur cette île presque fantastique? Quel rapport avec Audubon, l'ornithologue? C'est ce que le lecteur découvrira au fil des pages de ce beau roman japonais, quasi initiatique, entre tradition et modernité. Un beau texte, sensible, qui traite avec poésie du destin et de la vie. Si vous aimez les mystères, les personnages un peu étranges et les intrigues travaillées, n'hésitez plus. La Prière d'Audubon devrait vous plaire. Edité par Picquier (disponible en poche), le livre est bien traduit, maquetté avec soin, avec une jolie couverture. Très très agréable, vraiment. Je vous laisse juger sur pièces.


" Toi, tu vas prendre la fuite." Ma grand-mère, qui est morte d'un cancer, avait clairement énoncé cette phrase il y a deux ans, en pointant le doigt sur moi. Elle avait l'air de faire une prophétie. Mais elle avait dit vrai : aucun doute, j'étais du genre à prendre la fuite quand je me trouvais confronté à un problème.



"Tu vois le chat, là, sous le grand orme? a dit Hibino.
- Oui.
- Tant qu'il ne bouge pas du pied de l'arbre, ça veut dire que le temps va rester au beau.
- Hein?
- S'il grimpe sur l'arbre, ça veut dire qu'il va bientôt pleuvoir.



Hibino avait beau ressembler à un chien, il n'avait pas beaucoup de flair. Sa réaction a été plutôt lente. Ou peut-être qu'il n'était pas du genre rapide, intellectuellement parlant.



Pour aller plus loin : une interview très intéressante de la traductrice, Corinne Atlan sur le blog encathymini. Cela commence ici et se poursuit .


Grimmy

jeudi 21 novembre 2013

Tokyo instantanés - Muriel Jolivet

tokyo-instantanes.jpg Muriel Jolivet est une sociologue installée au Japon et enseignant à l'université. Elle propose ici dans ce recueil d'instantanés (recueillis entre 2006 et 2011) des impressions sur la société nipponne, les siennes mais aussi celles de ses étudiants.

C'est un livre qui peut se picorer petit à petit et qui présente donc l'intérêt de présenter des petits faits quotidiens, qu'ils soient perçus par l'oeil averti d'une sociologue occidentale ou racontés parfois naïvement par des étudiants. Ce double regard apporte de la diversité dans les thèmes traités et les manières de raconter. On sort du Japon fantasmé et on entre dans un Japon moderne réel, dans l'intimité des habitants, tel que le suggère la citation de Marie N'Diaye mise en exergue : "Un écrivain, c'est quelqu'un qui regarde par les trous de serrure..."

L'objet livre en lui-même est de bonne facture : couverture en dur, reliure solide, couverture, dos et 4e de couverture soignés, maquette agréable et soignée, délicate, notes pertinentes. Rien à redire sur le travail éditorial mené par Elytis, dont je vous laisse découvrir le catalogue sur leur site ici.

C'est un recueil divertissant, intelligent, sensible (au premier sens du terme). J'ai pris du plaisir à le lire et y ai appris de petites choses sur la société japonaise. Je compte d'ailleurs lire également de la même auteur Homo Japonicus. Quelques extraits apéritifs :

Il y a quelques jours, je suis montée dans le dernier wagon d'un train en partance pour Shinjuku, en pensant qu'il y aurait moins de monde. Sur le wagon, Women only était inscrit en grandes lettres. Je n'ai pas hésité une seconde, en pensant que je serais à l'abri des satyres. Le wagon sentait très bon.

Les cafés à BD sont appréciés par les gens de toutes les générations qui ont raté leur dernier train, parce qu'on peut y passer la nuit dans un fauteuil douillet, avec toutes sortes de divertissements à notre portée (manga, internet, magazines, journaux) avec un choix de boissons (non alcoolisées), le tout pour la moitié du prix d'un capsule hôtel.

Je viens de commencer à faire des démarches pour chercher du travail. Je trouve bizarre qu'on soit tous habillés pareil en costume noir. On croirait assister à un enterrement.

Ce livre est donc disponible chez Elytis pour 16 euros (enfin c'est ce qui est indiqué sur mon livre mais avec la valse des tva, ça a pu bouger d'un iota).

Grimmy

mardi 4 décembre 2012

Kitchen - Banana Yoshimoto

kitchen.jpgCertains passent le moins de temps possible dans leur cuisine, d'autres, comme le personnage principal de la nouvelle Kitchen, adorent les cuisines et s'y sentent en sécurité même pour dormir (pourtant, après avoir dormi des années dans des studios avec le bruit du frigo, je peux témoigner que vraiment Garelli -c'était le nom du frigo le plus bruyant que j'ai cotoyé- est en empêcheur de dormir en rond).

Kitchen est un best-seller japonais, écrit par Banana Yoshimoto quand elle avait 23 ans. Il a séduit toute une génération de Japonais (et de non Japonais) et raconte de manière sensible, sans pathos, le parcours d'une jeune femme de 20 ans, Mikage, qui se retrouve sans aucune famille après le décès de sa grand-mère. Comment va-t-elle composer avec le vide qui l'entoure? Comment pourra-t-elle continuer tout simplement à vivre? C'est ce dont traite Kitchen. Chacun fait ce qu'il peut, avec ce qu'il a. Mikage trouve ainsi refuge dans sa cuisine, puis chez un garçon qu'elle ne connaît que peu, Yûichi Tanabe. Surtout ne lisez pas la quatrième de couverture proposée par Gallimard, car vraiment, une fois encore, ils en disent beaucoup trop.

Dans cette édition, à la suite de Kitchen, vous pourrez lire Moonlight Shadow. Ces deux nouvelles forment un joli dyptique sur le deuil (et sur la vie). On pourrait leur reprocher, peut-être, de s'adresser surtout aux jeunes gens, et ce, dans un style simple, mais c'est aussi ce qui a probablement permis à toute une génération de s'y reconnaître (les défauts de ses qualités, tout ça...).

Je crois que j'aime les cuisines plus que tout autre endroit au monde. Peu importe où elles se trouvent et dans quel état elles sont, pourvu que ce soient des endroits où on prépare des repas, je n'y suis pas malheureuse.


Au moment où elle m'avait raconté tout cela, j'avais senti en gros ce qu'elle voulait dire, mais sans le saisir de l'intérieur, et j'avais pensé : "c'est peut-être ça, la joie de vivre..." Mais à présent, je le comprenais jusqu'à en avoir la nausée. Pourquoi a-t-on si peu le choix? Même si on se sent écrasé comme un vermisseau, on s'entête à préparer des repas, à manger, à dormir.


J'avais fini par avoir peur de la fatigue due au manque de sommeil, de ces longues heures passées à attendre seule, au bord de la folie, les premières lueurs du jour, et j'avais décidé de me mettre à courir.



Grimmy

lundi 25 juin 2012

L'Annulaire - Yôko Ogawa

annulaire.jpg Yôko Ogawa est une auteure (remarquez que je fais l'effort de mettre un e à la fin même si je trouve cela profondément laid) japonaise prolifique, dont l'oeuvre a été récompensée par des prix prodigieux (cela fait beaucoup de pro pour une intro).

Dans L'Annulaire, on entre très vite dans un univers bien inquiétant : un laboratoire discret où travaille la narratrice en tant qu'employée de bureau depuis qu'elle a perdu un bout de son annulaire dans la limonade (brrr, déjà associer un élément aussi rassurant que la limonade à un accident de travail dans une usine, c'est assez fortiche). Peu de personnes s'activent dans ce laboratoire très calme : la narratrice, son chef, M. Deshimaru, et deux vieilles dames, anciennes pensionnaires de l'ancien foyer de jeunes filles transformé en laboratoire de specimen. Oui,nous y venons, il ne s'agit pas ici d'un banal laboratoire d'analyse sanguine ou même d'expérimentation, non, ici on fabrique des specimen, à partir de souvenirs douloureux dont les clients souhaitent se détacher. Peu à peu le récit glisse et s'enferme ainsi dans un univers fantastique, inquiétant et aliénant. J'ai apprécié ce récit parfaitement maîtrisé qui ne tombe pas dans la facilité et se clôt en laissant le lecteur-voyeur un peu frustré de ne pas savoir ce qu'il se passe dans le laboratoire au sous-sol.

Ici, il n'y a ni ordres, ni obligations, ni règlements, ni slogans, ni services, ni réunion du matin. (...). J'aime beaucoup le laboratoire. Si c'était possible, j'aimerais y rester pour toujours. Je crois que M. Deshimaru m'y autoriserait.


Je n'avais aucune raison de refuser ce qu'il me réclamait. Je pensais qu'il était tout à fait naturel et anodin de marcher pour le remercier de m'avoir offert cette paire d'escarpins, mais il me semblait que dans le fond d'une baignoire c'était un peu trop singulier.


La cuisine est petite, mais elle contient toutes sortes de boissons et de gourmandises afin de répondre aux attentes de la clientèle. Mon travail est aussi de savoir à la vue du client ce qui peut lui plaire. La seule chose que je n'ai pas, c'est de la limonade.



Grimmy

lundi 4 octobre 2010

L'Enfer - Yoshihiro Tatsumi

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L'Enfer est un recueil de nouvelles mangas (je ne sais pas si le vocabulaire est adéquat vu ma non-connaissance des mangas) qui ont été réalisées par Yoshihiro Tatsumi (perçu souvent comme le créateur de la bd manga pour adultes) entre 1971 et 2003. C'est Cornélius qui s'est chargé de cette belle édition française, respectant le sens de lecture des mangas et les planches originales (les onomatopées n'ont pas été traduites sur le dessin mais sont retranscrites juste en-dessous des cases).

Les nouvelles sont réalistes et bien menées, dans un monde post-Hiroshima délabré. Le réalisme se trouve dans le parti pris de s'intéresser aux petites gens, à la faune marginale des villes (clochards, prostituées, artistes, ouvriers et étudiants). Les individus semblent déshumanisés, victimes d'un monde absurde, mécanique et désespéré. Je recommande chaudement ces nouvelles, pas bien gaies, certes, mais touchantes et finement réalisées. J'accorde une mention spéciale aux nouvelles intitulées L'Enfer, Hôtel du métro et Journal de guerre d'une prostituée.

Des milliers et des milliers de cadavres brûlés dans tous les coins dégageaient une odeur abominable. Et seul le soleil couchant permettait de croire encore à la beauté.


C'est juste des chômeurs. Ils sont pas comme nous. / Un clodo qu'a une bonne mine, c'est pas un vrai.


C'est surtout des pauv' types ces soldats, j'les plains... à force d'être rongé par l'angoisse, ils consomment du sexe tant qu'ils peuvent, c'est leur seule échappatoire. Et tout ça, c'est pour le bien du pays.



Grimmy

samedi 22 mai 2010

Tsubaki - Le poids des secrets 1 - Aki Shimazaki

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A force de lire des billets élogieux sur la blogosphère, j'ai eu grandement envie de découvrir ce cycle de romans qui traite du Japon pré et post Nagasaki en mêlant habilement la petite et la grande histoire. C'est donc avec grand plaisir que j'ai accueilli ce livre voyageur quand Clara l'a proposé.

Aki Shimazaki est une écrivaine née au Japon qui est partie vivre au Canada dans les années 80. Elle vit actuellement à Montréal et a choisi d'écrire dans sa langue d'adoption. Tsubaki est le premier opus d'une pentalogie qui raconte l'histoire d'une famille japonaise et de ses secrets.

Nous entrons dans ces secrets de famille grâce à la narratrice qui nous donne à lire la lettre que sa mère, Yukiko, lui a laissée après sa mort. Autant vous dire que ce roman se lit avec autant d'avidité et d'émotion que si l'on en était le destinataire direct ! Je n'en dirai pas davantage, pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs de Tsubaki.

Enfin si, je vais en dire un peu plus. L'histoire de Tsubaki se lit avec d'autant plus de plaisir et d'intérêt que la narration (qui est presque à double-voix) est très bien menée. Peu à peu le lecteur découvre des personnages touchants, en demi-teinte, qui parlent d'eux bien sûr, mais qui proposent aussi des réflexions sur la vie, la guerre, les bombes atomiques. Pas de pathos ni de sentiments larmoyants, pas de verbiage, rien de trop. L'auteur ne joue pas de fioriture mais manie une écriture pure et limpide qui rend la lecture savoureuse.

En refermant le livre, je n'ai eu qu'une envie, lire les suivants. Je remercie donc chaleureusement Clara pour cette découverte !

Quant à la guerre et à la bombe atomique tombée sur Nagasaki, ma mère refusait d'en parler. De plus, elle me défendait de dire à l'extérieur qu'elle était une survivante à la bombe.


- Grand-mère, pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon?
- Parce qu'ils n'en avaient que deux à ce moment-là, dit-elle franchement.

Grimmy

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