Les feuilles pas mortes

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vendredi 13 mai 2011

Château de sable - Frederik Peeters et Pierre Oscar Lévy

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Château de sable est un one shot publié par la maison d'édition suisse Atrabile, dans la collection Bile blanche. Rien que ça, ça vous donne le ton. Si vous souhaitez vous délasser et vous préparer une nuit sereine, ne lisez pas cette bande-dessinée au coucher, oubliez-la. Par contre, si (et seulement si) sommeille en vous un petit côté voyeur, un soupçon de curiosité et une légère tendance à nourrir vos propres angoisses et votre malaise, vous devriez apprécier, car Frederik Peeters et Pierre Oscar Lévy réussissent très bien à transformer une ordinaire journée à la plage en un huis clos étouffant.

Scénario solide, personnages bien campés et expressifs : une jolie réussite. Je pourrais également vous parler en détail des différentes mises en abyme et de ce qui fait pour moi le côté vraiment fortiche de cet album (à savoir l'ironie tragique, les clichés qui y apparaissent et la position dans laquelle se trouve le lecteur) mais je ne voudrais point gâcher votre lecture en la déflorant. Nous pourrons toujours en reparler dans les commentaires (clin d’œil appuyé)...

Doucement! Tu n'es pas en train de tartiner un rosbif de beurre! / Rôôôlala, il n'est pas en sucre, ton fils! N'est-ce pas mon chéri?! / Oui maman.../ Ca protège son capital soleil!... Pour éviter qu'il ne fasse un cancer de la peau dans 30 ans... / Ha ha! Dans 10 ans, on apprendra probablement que c'est cette crème qui est cancérigène!



Ne faites pas l'enfant, Charles! Et pas de gros mots devant les petits! / S'il te plaît, Charles... Nous sommes en vacances, ne t'énerve pas! / Pour ce qu'on en a à foutre, Mémé! / Tu n'as pas besoin d'être aussi grossière que ton père, Sophie.. Tout de même.. Pense à ton frère! / Louis, ce petit con?! ... Il en connaît plus que moi, des gros mots!/ C'est vrai ça, Mémé... Et quand est-ce que tu crèves?..


Grimmy

mardi 10 mai 2011

Paf et Hencule, French doctors - Abraham Kadabra - Goupil Acnéique

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Odieux. Lamentable. Dégoutant. Crade, crado, cradingue, craspeck. Méchant. Sale. Atroce. Ignoble. Abject. Répugnant. Insupportable. Immonde. Ecœurant. Trash. Indécent. Crapuleux. Révoltant. Sordide. Honteux. Obscène. Infâme. Dégueulasse.

J'en passe, et des meilleurs...

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Me suis rarement marré autant à la lecture d'une BD. J'adooooooooore!!!

Attila

Nota: la planche est une citation de ce merveilleux blog.

samedi 9 octobre 2010

La nostalgie de Dieu, livre 1 - Marc Dubuisson

nostalgiedieu.jpg Un dépressif suicidaire est prêt à commettre l'irréparable. Tout à la déploration de son sort, il s'avance au bord d'une falaise quand, tout à coup : paf ! c'est la rencontre avec Dieu.

« Alléluia! », me direz-vous. Eh bien, non: « Ta gueule! », lui répond l'Éternel (1)... Cette première planche dit assez la teneur de l'œuvre de Marc Dubuisson, parue en 2008 aux éditions diantre! (2). En 57 chapitres + 1 épilogue, avec une mise en scène et un graphisme minimalistes, l'auteur raconte l'entrevue de la créature désespérée avec son Créateur. Maintenant, à la question « Qui est le plus désespérant des deux? », je réponds: « Joker! ».

La grande majorité des planches présente une série de dialogues entre l'homme et Dieu, qui sont autant d'interrogations sur la foi, la religion, la mort... en somme, le sens de la vie! Les interrogations de l'homme sont appuyées par une série de témoignages-clefs permettant de jeter un autre éclairage sur la Création : celui de Jésus, « Seigneur de père en fils », de Marie, « Immaculée notoire », ou encore de Jeanne d'Arc, « Grande brûlée »...

Les échanges sont vifs et rythmés (cinq cases pour préparer la chute de la sixième), et particulièrement mis valeur par la simplification graphique. Le dessin n'est pourtant pas « négligé » : la stylisation extrême des expressions (exemple : un trait épais barrant l'emplacement des yeux pour symboliser la colère) est, à mon sens, d'autant plus hilarante.

Le texte fait bien sûr penser, dans sa tonalité, aux Écritures de Cavanna, ou encore à Desproges. Humour noir, féroce et sophistiqué. Dieu s'avère être immensément désagréable, grossier, colérique, lubrique. En plus, il est de mauvaise foi... Mais finalement, présenté comme ça, moi, je l'aime assez, et cette BD, je l'adore!

Je commence à en avoir ras-le-bol de ces donneurs de leçons !
Je parle pas forcément de toi, hein ! Mais les rabbins, les papes, les sous-papes et les ayatollahs de mon cul !...
Qu'ils balaient un peu devant leur porte avant d'aller foutre le feu à celles des autres.
Marx disait « La religion est l'opium du peuple ».
Bin, j'ai rien contre les drogués...
... mais je peux pas blairer les dealers !


Attila

(1) Ca laisse rêveur quant à ce qu'aurait pu devenir l'œuvre de m'sieur Paul Claudel si, cette fameuse nuit du 25 décembre, c'est ce genre de réponse qu'il avait obtenue...
(2) http://www.diantre.fr/. L'auteur possède également un blog, et l'ouvrage semble par ailleurs largement chroniqué sur le net.

samedi 15 mai 2010

Le Combat ordinaire 4 - Planter des clous - Manu Larcenet

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Le tome 4 de cette belle série vient enfin de rejoindre ma bibliothèque et je l'ai lue sitôt rentrée (les bds n'attendent jamais bien longtemps chez moi!).

Pour reprendre la 4e de couverture, "c'est l'histoire d'un chantier qui ferme, d'une petite fille amoureuse, d'un soir d'élections et d'une nuit dehors...".

On retrouve donc Marco quelques années après la fin du n°3. Il travaille pour un journal et va toujours de temps à autre voir sa mère et les anciens du chnatier où travaillait son père. La bd s'ouvre sur la présentation de la petite nouvelle, Maude, la petite fille de Marco et d'Emilie. Maude va apporter un tourbillon de fraîcheur dans la vie du protagoniste.


Planter des clous est un bel album où Larcenet présente sa vision de la paternité et nous offre un constat assez amer sur la politique et le journalisme. Les thèmes habituels du Combat ordinaire se mêlent habilement : on sourit, on éprouve de la tristesse, de l'amertume, de la tendresse.

Un bel album que je recommande tout aussi chaudement que les premiers opus de la série. En refermant le livre, je me demandais par contre ce qu'était devenu le frère de Marco, et sa famille. J'aurais aimé avoir de ses nouvelles, comme quand l'on suit avec amitié les aventures d'amis...

Je vous laisse en compagnie de quelques extraits de Planter des clous :

- Mon papa y serait tout mort sans moi
- C'est intelligent ce jeu, tiens !
- Ah ça ! Si j'avais dû compter sur toi, je serais encore en train de crever de froid avec ma jambe cassée!

Si tu veux qu'ils jouent avec toi, il ne faut pas crier... C'est pas chez nous ici, c'est chez les écureuils...

Alors aujourd'hui, c'est à la mode, d'avoir des racines de-ci, de-là... Conneries, oui ! C'est rien d'autre que la glorification de la tradition imbécile ! Ca nous colle au sol... Ca nous empêche d'avancer... Les racines, c'est bon pour les ficus !

samedi 24 avril 2010

La Quête de l'oiseau du temps - Avant la Quête 3 - La Voie du Rige - Le Tendre Loisel Mallié

ccccccccccccc Cela fait des années que je suis La Quête de l'oiseau du temps, une série initiée par Loisel et Le Tendre. Pour ceux qui ne connaissent pas cette série, ils peuvent commencer par le cycle de La Quête de l'oiseau du temps ou par celui d'Avant la quête, il n'y a aucune difficulté à les lire indépendamment. C'est une série d'Heroic Fantasy qui conte les aventures d'un héros, Bragon, parti à la recherche de l'oiseau du temps pour aider la sorcière Mara à sauver son royaume.
De l'aventure, des histoires d'amour et de l'humour, tous les ingrédients sont là pour attacher les lecteurs à cette série. Les planches sont magnifiques et chaque album de cette série est un régal.

La Voie du Rige raconte donc comment le héros, Bragon, a pu devenir l'élève du grand maître, le Rige. Les auteurs poursuivent donc ainsi le récit de l'initiation de Bragon. Il s'agissait au tout début d'un jeune garçon féru d'aventure et nous sommes déjà en présence d'un jeune homme valeureux qui a tiré la leçon de ses expériences. Nous suivons aussi épisodiquement l'évolution de Mara. Cet album est une jolie réussite. J'éprouve toujours autant de plaisir à suivre cette série et suis d'autant plus impatiente de connaître la suite que les auteurs nous révèlent des aspects psychologiques qui prendront certainement toute leur importance dans le futur cycle d'Après la quête.

Un album et une série que je conseille donc aux amateurs de bande dessinée soignée. En voici quelques extraits :

- Bragon! Mais oui... Sang et fumée! C'est lui le fameux Bragon!! Comment ça se fait qu'on n'ait pas fait le rapprochement?
- Moi, je l'imaginais avec un faciès de brute, un peu comme vous autres! Hi! Hi! Hi!

- J'ai eu du mal à le dénicher mais il n'y a pas mieux que le foie de fielleux pour redonner des forces.
- Merci, mais... vous êtes sûr? Ca pue vraiment ce... ce truc.


Grimmy

mardi 20 avril 2010

Pinocchio - Winshluss

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Voici un album qui a atterri chez moi presque par hasard. Je cherchais un livre à découvrir chez notre libraire bd et l'ai repéré sous son papier cellophane. Une belle couverture avec un pinochio argenté en réserve, un aspect classieux et un autocollant "primé à angoulême" a attisé ma curiosité. J'ai demandé à l'ouvrir et hop embarqué.

Pour la petite histoire, Winshluss est un auteur qui a travaillé sur le film Persépolis. Cet album de 188 pages est édité par les Requins marteaux (et ils le sont, marteaux, pour proposer un tel album, dans une édition de ce standing, j'ose même pas imaginer les devis!). Il s'agit donc d'une libre adaptation de l'histoire de Pinocchio.

J'ai trouvé l'oeuvre assez difficile d'accès car elle contient très peu de texte (c'est là que je me suis rendue compte à quel point je m'accroche au texte quand je lis une bd). La narration est également entrecoupée selon les points de vue adoptés. Les styles graphiques sont très variés ("vieille bd américaine" / croquis vite réalisés / planches en pleine page magnifiques que l'on aimerait encadrer) et correspondent tous à un propos particulier. Au départ, on peut se sentir un peu perdu, mais l'ensemble est très cohérent et bien lié. Je suis contente de m'être accrochée (en même temps, une fois acheté...).

Quant à l'adaptation du conte de notre enfance, le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est en effet très très libre. Winshluss joue avec les codes des bds et ceux des contes. Le pauvre Pinocchio se trouve ainsi dans un monde hostile : la baleine devient un poisson radioactif, Gepetto et sa femme sont de minables pervers et le criquet (ou le grillon, je ne sais plus) devient un cafard parlant au chômage. L'histoire merveilleuse bascule donc dans un cauchemar total ! Et je ne vous parle même pas de la pauvre Blanche-Neige que je ne regarderai jamais plus de la même façon (oh, les vilains nains, si vous saviez!).

Bref, un album que je recommande aux curieux. Il vaut le détour !

Grimmy

dimanche 18 avril 2010

Le Combat ordinaire 3 - Ce qui est précieux - Manu Larcenet

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Voici un tome du Combat ordinaire qui s'ouvre par un extrait d'un titre des Clash : "I've been beat up / I've been thrown out / but I'm not down".

Nous avons quitté Marco à la mort de son père et le retrouvons en plein travail de deuil. Que dire, sinon qu'une fois de plus j'ai été beaucoup touchée par cette bd. Larcenet ne tombe pas dans le pathos et signe un album émouvant et juste.

La relation père-fils, celle avec sa mère en deuil, avec son frère qui dérape, avec sa copine Emilie sont mises en scène à ce moment-clé de l'existence de Marco. L'humour reste présent, ce qui pour moi accentue la justesse de l'album. Car même aux pires moments, on peut rire de broutilles, ne serait-ce que 5 minutes, parce que la vie continue.

Marco (qui est narrateur de son histoire) parle aussi de son travail et de la sortie de son livre hommage sur le monde dont il vient. Il raconte en quelque sorte comment il retrace l'histoire de son père afin de mieux s'accepter lui-même. Une fine analyse dans laquelle beaucoup de lecteurs peuvent se retrouver. Je vous laisse en compagnie de quelques extraits et vous recommande ardemment cette série. Le tome 4 rejoignera bientôt ma bibliothèque.

Des souvenirs, j'en ai plein la tête, j'ai pas besoin d'en avoir plein mes tiroirs.

Pour conjurer la peur, depuis tout môme, j'ai imaginé ce moment sous toutes ses coutures. Je l'ai tellement fantasmé que lorsqu'il est arrivé... j'ai été soulagé. Etrangement, c'est comme si je m'étais dit : "on y est. C'est arrivé. Une horreur de moins à vivre, c'est toujours ça de pris."

Grimmy

samedi 20 février 2010

Rapaces - Dufaux et Marini

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C'est une intégrale que je vais aujourd'hui vous présenter : Rapaces de Dufaux et Marini.
Pour situer un peu, Dufaux, c'est l'auteur entre autres de Giacomo C. et Djinn. Marini, quant à lui, a travaillé sur la série Scorpion.

C'est une belle édition que j'ai entre les mains, sur un papier de très bonne qualité, dans un format plus grand que le format BD habituel, avec en bonus des extraits du carnet de Marini. Cela peut donc être une idée de cadeau assez sympa.

Composée de quatre tomes, c'est une série qui conte les aventures de Vicky, une policière humaine, dans un monde où les rapaces règnent. On pourrait penser que les rapaces, ce sont les vampires, qui ont bien changé depuis le 19e siècle et qui maîtrisent le monde (au prix d'une compromission qui leur coûtera cher). Mais les rapaces, ce sont plutôt les deux immortels, Drago et Camilla, qui rôdent la nuit dans la ville afin d'exterminer ceux qui ont trahi leur ancêtre. Ils n'ont pas perdu le goût du sang et ne connaissent pas la dégénérescence qui affaiblit les autres vampires.

Nous sommes donc ici en présence d'hommes, de vampires et de rapaces. Tous les ingrédients sont réunis pour mener une réflexion sur le pouvoir (instable forcément) et sur l'identité (instable également quand les frontières entre les différentes espèces sont franchies). Nous ne sommes pas face à une série psychologique et nous notons de l'action, des combats, des scènes torrides, des tractations,.... Le tout est mené très rapidement, efficacement, jusqu'au terme de l'album qui présente un nouvel ordre (ou désordre, c'est selon).

C'est une bonne BD, assurément, le libraire ne m'a pas conseillé n'importe quoi, mais... j'avoue qu'elle ne m'a pas absolument conquise. J'ai peut-être eu un peu trop l'impression de me trouver face à une intrigue américaine (comme dans les grandes productions fantastiques), le genre d'intrigues à scénario où les actions se succèdent et mènent à un point qui n'est pas forcément des plus cohérents. J'ai eu un peu le sentiment que l'idée de départ était très bonne mais que finalement sa mise en pratique (en dessin) ne convenait pas tant que ça aux auteurs et que le rythme compensait donc d'autres faiblesses. J'ai peut-être également été gênée par l'inspiration manga violent qui se ressent parfois.

Ceci dit, malgré ces petites réserves, le dessin est beau et la BD cohérente. Vous pouvez donc vous laisser tenter par ce récit futuriste, si ce sont des thèmes qui vous attirent.

Pour plus d'information, vous pouvez aussi visiter le site dédié à cette BD : http://www.rapaces.net/

- Trois victimes ! Trois victimes avec un kyste derrière l'oreille droite !!
- Je sais, c'est dingue comme histoire!!...

Elle n'a pas pu s'empêcher... Alors qu'il s'était assoupi, elle lui a caressé la tête. Là, près de l'oreille droite, ses doigts ont rencontré un kyste... Un mouvement de répulsion a suivi.

Grimmy

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