ca_va_aller.jpg Chrìstos Ikonòmou est un auteur grec, né à Athènes en 1970.

Je ne l'avais jamais lu avant de lire ce recueil de nouvelles mettant en scène des habitants des quartiers populaires (pauvres donc) du Pirée.

Le livre a paru en français chez Quidam, en 2016, dans une traduction de Michel Volkovitch. D'ailleurs le titre en grec se rapproche davantage de "Il va se passer quelque chose, tu vas voir" (quelque chose de bien ou non). En français, le titre se montre un peu plus optimiste, alors que les nouvelles ne le sont pas. Oui, car il faut le dire, si vous avez envie d'une lecture pour vous remonter le moral, fuyez ! Non, c'est bien écrit, avec un style un peu abrupt, des redondances et répétitions (qui montrent bien aussi le cercle de la misère et l'enfermement des protagonistes dans leur condition), certes, mais j'ai trouvé ces nouvelles plombantes. Trop réalistes peut-être? Ou alors, c'est plombant car depuis son écriture les temps sont encore plus durs? Je ne sais pas.
Bref, je l'ai lu, j'ai trouvé intéressant mais l'ouvrage me laisse un goût amer, ce qui finalement est peut-être une bonne chose si le recueil a pour but de dénoncer la pauvreté et de créer une réaction pour faire un peu changer les choses.

On l'appelle Mao. Quand il est né, à ce qu'on dit, il était jaune comme un Chinois. Sa mère et ses sœurs aussi l'appellent comme ça. Mao. Son père, ça fait des années qu'il s'est fait tué sur un pétrolier à Pèrama. Communiste mais paisible et souriant. C'est lui qui l'a appelé Mao. Même aujourd'hui que c'est devenu presque un homme tout le quartier l'appelle Mao. Comment ça va Mao? Je vous emmerde, idiots. Sa grande soeur Katerìna s'est fait violer cet été dans la carrière à Katràkio. C'était des types de Korydallos, il paraît, de la place Mèmou. Depuis on ne l'a plus revue. Sa mère l'a envoyée dans de la famille sur une île - Chios ou Samos, on a dit. Personne ne sait au juste, c'est resté secret.


Aujourd'hui on a reçu un nouveau rappel de la banque. Ils disent que c'est le dernier et que la semaine prochaine ils prendront "les mesures prévues par la loi". Ils ont déjà téléphoné plusieurs fois mais Nìki n'a pas répondu. Elle a laissé le papier sur la petite table du salon.


Perdre son boulot c'est comme se casser la jambe. Au début tu ne sens rien, a dit Aris, la fracture est encore chaude et ne fait pas mal. La douleur et la peur viennent quand ça refroidit. Quand tu penses au loyer aux factures aux petites annonces dans les journaux. Les coups de fil chaque matin, les voix dures. Un autre a pris la place mon vieux. Rappelle demain.


Quidam éditeur, 20 €.

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