nostalgiedieu.jpg Un dépressif suicidaire est prêt à commettre l'irréparable. Tout à la déploration de son sort, il s'avance au bord d'une falaise quand, tout à coup : paf ! c'est la rencontre avec Dieu.

« Alléluia! », me direz-vous. Eh bien, non: « Ta gueule! », lui répond l'Éternel (1)... Cette première planche dit assez la teneur de l'œuvre de Marc Dubuisson, parue en 2008 aux éditions diantre! (2). En 57 chapitres + 1 épilogue, avec une mise en scène et un graphisme minimalistes, l'auteur raconte l'entrevue de la créature désespérée avec son Créateur. Maintenant, à la question « Qui est le plus désespérant des deux? », je réponds: « Joker! ».

La grande majorité des planches présente une série de dialogues entre l'homme et Dieu, qui sont autant d'interrogations sur la foi, la religion, la mort... en somme, le sens de la vie! Les interrogations de l'homme sont appuyées par une série de témoignages-clefs permettant de jeter un autre éclairage sur la Création : celui de Jésus, « Seigneur de père en fils », de Marie, « Immaculée notoire », ou encore de Jeanne d'Arc, « Grande brûlée »...

Les échanges sont vifs et rythmés (cinq cases pour préparer la chute de la sixième), et particulièrement mis valeur par la simplification graphique. Le dessin n'est pourtant pas « négligé » : la stylisation extrême des expressions (exemple : un trait épais barrant l'emplacement des yeux pour symboliser la colère) est, à mon sens, d'autant plus hilarante.

Le texte fait bien sûr penser, dans sa tonalité, aux Écritures de Cavanna, ou encore à Desproges. Humour noir, féroce et sophistiqué. Dieu s'avère être immensément désagréable, grossier, colérique, lubrique. En plus, il est de mauvaise foi... Mais finalement, présenté comme ça, moi, je l'aime assez, et cette BD, je l'adore!

Je commence à en avoir ras-le-bol de ces donneurs de leçons !
Je parle pas forcément de toi, hein ! Mais les rabbins, les papes, les sous-papes et les ayatollahs de mon cul !...
Qu'ils balaient un peu devant leur porte avant d'aller foutre le feu à celles des autres.
Marx disait « La religion est l'opium du peuple ».
Bin, j'ai rien contre les drogués...
... mais je peux pas blairer les dealers !


Attila

(1) Ca laisse rêveur quant à ce qu'aurait pu devenir l'œuvre de m'sieur Paul Claudel si, cette fameuse nuit du 25 décembre, c'est ce genre de réponse qu'il avait obtenue...
(2) http://www.diantre.fr/. L'auteur possède également un blog, et l'ouvrage semble par ailleurs largement chroniqué sur le net.