kitchen.jpgCertains passent le moins de temps possible dans leur cuisine, d'autres, comme le personnage principal de la nouvelle Kitchen, adorent les cuisines et s'y sentent en sécurité même pour dormir (pourtant, après avoir dormi des années dans des studios avec le bruit du frigo, je peux témoigner que vraiment Garelli -c'était le nom du frigo le plus bruyant que j'ai cotoyé- est en empêcheur de dormir en rond).

Kitchen est un best-seller japonais, écrit par Banana Yoshimoto quand elle avait 23 ans. Il a séduit toute une génération de Japonais (et de non Japonais) et raconte de manière sensible, sans pathos, le parcours d'une jeune femme de 20 ans, Mikage, qui se retrouve sans aucune famille après le décès de sa grand-mère. Comment va-t-elle composer avec le vide qui l'entoure? Comment pourra-t-elle continuer tout simplement à vivre? C'est ce dont traite Kitchen. Chacun fait ce qu'il peut, avec ce qu'il a. Mikage trouve ainsi refuge dans sa cuisine, puis chez un garçon qu'elle ne connaît que peu, Yûichi Tanabe. Surtout ne lisez pas la quatrième de couverture proposée par Gallimard, car vraiment, une fois encore, ils en disent beaucoup trop.

Dans cette édition, à la suite de Kitchen, vous pourrez lire Moonlight Shadow. Ces deux nouvelles forment un joli dyptique sur le deuil (et sur la vie). On pourrait leur reprocher, peut-être, de s'adresser surtout aux jeunes gens, et ce, dans un style simple, mais c'est aussi ce qui a probablement permis à toute une génération de s'y reconnaître (les défauts de ses qualités, tout ça...).

Je crois que j'aime les cuisines plus que tout autre endroit au monde. Peu importe où elles se trouvent et dans quel état elles sont, pourvu que ce soient des endroits où on prépare des repas, je n'y suis pas malheureuse.


Au moment où elle m'avait raconté tout cela, j'avais senti en gros ce qu'elle voulait dire, mais sans le saisir de l'intérieur, et j'avais pensé : "c'est peut-être ça, la joie de vivre..." Mais à présent, je le comprenais jusqu'à en avoir la nausée. Pourquoi a-t-on si peu le choix? Même si on se sent écrasé comme un vermisseau, on s'entête à préparer des repas, à manger, à dormir.


J'avais fini par avoir peur de la fatigue due au manque de sommeil, de ces longues heures passées à attendre seule, au bord de la folie, les premières lueurs du jour, et j'avais décidé de me mettre à courir.



Grimmy