L'Annulaire - Yôko Ogawa
Par lesfeuillespasmortes le lundi 25 juin 2012, 20:17 - Nouvelles - Lien permanent
Yôko Ogawa est une auteure (remarquez que je fais l'effort de mettre un e à la fin même si je trouve cela profondément laid) japonaise prolifique, dont l'oeuvre a été récompensée par des prix prodigieux (cela fait beaucoup de pro pour une intro).
Dans L'Annulaire, on entre très vite dans un univers bien inquiétant : un laboratoire discret où travaille la narratrice en tant qu'employée de bureau depuis qu'elle a perdu un bout de son annulaire dans la limonade (brrr, déjà associer un élément aussi rassurant que la limonade à un accident de travail dans une usine, c'est assez fortiche). Peu de personnes s'activent dans ce laboratoire très calme : la narratrice, son chef, M. Deshimaru, et deux vieilles dames, anciennes pensionnaires de l'ancien foyer de jeunes filles transformé en laboratoire de specimen. Oui,nous y venons, il ne s'agit pas ici d'un banal laboratoire d'analyse sanguine ou même d'expérimentation, non, ici on fabrique des specimen, à partir de souvenirs douloureux dont les clients souhaitent se détacher. Peu à peu le récit glisse et s'enferme ainsi dans un univers fantastique, inquiétant et aliénant. J'ai apprécié ce récit parfaitement maîtrisé qui ne tombe pas dans la facilité et se clôt en laissant le lecteur-voyeur un peu frustré de ne pas savoir ce qu'il se passe dans le laboratoire au sous-sol.
Ici, il n'y a ni ordres, ni obligations, ni règlements, ni slogans, ni services, ni réunion du matin. (...). J'aime beaucoup le laboratoire. Si c'était possible, j'aimerais y rester pour toujours. Je crois que M. Deshimaru m'y autoriserait.
Je n'avais aucune raison de refuser ce qu'il me réclamait. Je pensais qu'il était tout à fait naturel et anodin de marcher pour le remercier de m'avoir offert cette paire d'escarpins, mais il me semblait que dans le fond d'une baignoire c'était un peu trop singulier.
La cuisine est petite, mais elle contient toutes sortes de boissons et de gourmandises afin de répondre aux attentes de la clientèle. Mon travail est aussi de savoir à la vue du client ce qui peut lui plaire. La seule chose que je n'ai pas, c'est de la limonade.
Grimmy
Commentaires
Il faut que j'en relise. J'avais beaucoup aimé "La formule préfrée du professeur" et adoré "La marche de Mina"
Je les note pour une prochaine lecture, merci Stephie.
Houla, tu attises ma curiosité là!
Hop dans ma wishlist tout de suite!
Bonsoir,
Je viens assez régulièrement me promener sur votre blog pour humer l'odeur des feuilles et dans l'espoir de glaner (... diable, que de métaphores automnales !) quelques belles idées de lecture. C'est toujours un réel plaisir. J'apprécie votre sensibilité et votre humour délicat.
Soit dit en passant, comme vous, je pense que le "e" final à "auteure", désormais bien établi, est pour le moins disgracieux. J'ajouterais que c'est également un non sens grammatical. A ma connaissance, tous les mots se terminant par "teur" donnent au féminin : "teuse", "trice" ou "toresse" (menteur = menteuse ; directeur = directrice ; docteur = doctoresse). Dès lors, pourquoi "auteure" ? C'est absurde. D'autant que cette féminisation (tout à fait légitime, je ne vois rien à y redire sur le principe) ne fonctionne qu'à l'écrit ! Personnellement, je serais assez favorable à "autoresse". Voilà, pardonnez ma trivialité, qui aurait de la gueule ! Mais, bon, on ne va pas pour autant s'associer au cœur des puristes acrimonieux. Il faut se faire à l'idée : en matière de langage, l'usage a toujours raison...
En fait, si je vous écris ce soir c'est surtout pour vous dire mon désappointement de constater que vos "feuilles pas mortes", contrairement à celles de la chanson, ne se ramassent pas vraiment à la pelle. Que vous arrive-t-il ? Ne lisez-vous plus ou bien êtes vous lassés de prêcher dans le désert ? Si tel était le cas, je me dois de vous encourager à persévérer. Continuez coûte que coûte à nous faire part de vos impressions de lectures. Ces petites graines que vous semez, nul ne peut prédire ce qu'elles deviendront. Il suffira même qu'une seule germe pour que votre blog ait sa raison d'être. Face à la barbarie qui nous guette, il n'est pas de moindres actions. Bref, on compte sur vous.
Voilà.
Ah oui, une dernière chose : ce serait peut-être une bonne idée que d'indiquer le prix des livres que vous chroniquez. Par ces temps de disette, ça peut être utile.
Passez un bel été.
pi
@ Nelfe:o)
@ Pierre. Un grand merci pour ce long commentaire que je viens de découvrir, telle une pépite, noyé dans un flot de commentaires-spams issus de robots. Nous venons en effet bien peu, Attila et moi, depuis quelques temps, nourrir ce blog. Nous lisons toujours, c'est déjà ça, mais en ce qui concerne Attila, je crois pouvoir dire sans me faire taper sur le nez qu'il est dé-bor-dé (pour des raisons professionnelles) et que, même s'il lit beaucoup, il ne trouve pas le temps ni la ressource de rédiger des billets (mais ça reviendra peut-être, grâce à votre commentaire). Quant à moi, je peux vous sortir un florilège d'excuses : yeux qui piquent, préparation d'un concours en plus de mon travail, investissement associatif, etc. Bon, ça fait bien sur l'écran mais à vrai dire j'ai quand même trouvé le temps de zoner sur wikipedia et de regarder des séries télé, alors bon... Et puis mes "excuses" sont aujourd'hui périmées. Peut-être que cette désaffection est également venue d'une impression, comme vous le remarquez justement, de prêcher dans le désert ou d'être noyé dans la masse, je ne sais pas ou alors c'est parce que je suis un peu fainéante parfois. Bref, nous avons un peu abandonné ces feuilles sans toutefois les quitter pour de vrai car j'ai laissé de côté les livres que je dois chroniquer (mis à part ceux que j'ai dû rendre à leurs propriétaire ou à la bibliothèque).
Votre commentaire a ranimé ces feuilles en cet automne frileux. Je m'en vais de ce pas chroniquer un de ces livres qui attendent patiemment dans leur coin "livres à chroniquer". Je me charge également de relancer Attila (mais honnêtement, lui, il manque cruellement de temps - c'est ça quand on a besoin de beaucoup d'heures de sommeil!). Merci Pierre, sincèrement. Hier, quand j'ai lu votre message, je me suis dit qu'il était en effet dommage de ne pas continuer ce que nous avions commencé. C'est noté pour le prix des livres, je l'indiquerai. A très bientôt.