ventprintanier.jpg Vent printanier est un recueil de nouvelles de Hubert Haddad, dont le titre fait référence à l'opération Vent printanier (nom de code utilisé lors de la Rafle du Vélodrome d'hiver en juillet 42).

C'est grâce à Clara que j'ai eu vent de ce petit recueil, composé par un auteur dont j'avais beaucoup aimé la plume lors de la lecture de Géométrie d'un rêve.

Côté forme, c'est un joli petit livre (10,5 x 15 cm) contenant quatre nouvelles. Il est édité par Zulma, dont le travail éditorial procure toujours d'agréables lectures (j'aime leurs choix éditoriaux, leurs marges, leur typo élégante et leur sens du détail, tant pis si je me répète mais vraiment je n'ai jamais été déçue par une de leur production).

Vent printanier est un recueil de nouvelles qui oscillent entre la mémoire et l'imaginaire, la réalité et le fantastique, l'histoire et l'actualité. Une petite fille s'identifie à Meranda, une fillette décédée à Auschwitz (rappelez-vous le devoir de mémoire que l'on voulait cultiver en école primaire en donnant à chaque enfant un filleul déporté!), un vieil homme rescapé de la rafle de 1942 croise un petit garçon rom cherchant les siens après l'expulsion de leur camp en 2009, un vieux photographe croise son double enfantin, un homme se remémore comment il a pu échapper à une triste chasse aux lièvres. Quatre histoires proposant des regards d'enfants sur l'exclusion et l'horreur humaine, quatre histoires qui nous montrent aussi, hélas, que l'histoire se répète, en variant sensiblement, quatre histoires que l'on aimerait non nécessaires

La plume d'Hubert Haddad est délicate. Je ne trouverai pas d'autre mots aujourd'hui pour la décrire. Il réussit à composer des textes littéraires engagés sans alourdir sa pensée ni son style (ce qui est un art très difficile). Je vous laisse en juger.

Elle avait soufflé les bougies sans imaginer un instant les distinguer les unes des autres, la septième de la huitième, ou la neuvième de la dernière. Chaque flamme pourtant devait bien figurer une année particulière. Un an plus tard, elle soufflerait plutôt sur toute cette neige. Chaque flocon tombe d'une étoile morte.


Seul, il avait échappé à la rafle du Vel' d'hiv', grâce à un peu de sable ramassé avant l'aube pour la litière du vieux matou qui l'avait vu naître. Le chat de la maison s'était enfui.


Né en 1935, sept ans avant la déportation des siens, il avait eu le temps de tout oublier de son enfance et des anecdotes fugaces composant une mémoire. Ne demeurait qu'un cliché argentique dont la pâleur progressive avait absorbé peu à peu tous les souvenirs. C'est ainsi : l'image vivante se fixe et disparaît dans la photographie qui semblait un recours.


Dans un pays sans mer, le train seul donne à rêver du grand large, au-delà des forêts et des montagnes. Il neigeait ce jour-là.


Merci Clara d'avoir fait voyager ce livre !

En bonus: une petite interview de l'auteur sur ce livre


Grimmy