shutterisland.jpg De Dennis Lehane je connaissais Mystic River, que j'avais aimé et dont j'avais apprécié l'adaptation cinématographique. J'ai découvert Shutter Island dans le sens inverse en voyant d'abord son adaptation avant de le lire.

Pour ceux qui seraient passés à travers le battage médiatique fait autour de Shutter Island à sa sortie, il s'agit d'une histoire en quasi huis clos qui se passe sur un îlot dédié aux patients psychiatriques, au large de Boston. Nous sommes dans les années 50 et voyons débarquer deux hommes sur l'île : Teddy Daniels et Chuck Aule. Ils sont venus enquêter sur la disparition d'une patiente du centre. Cette enquête va les mener au coeur de la folie.

Ici encore Denis Lehane signe un roman qui se lit d'une traite. Le lecteur suit l'enquête menée par Teddy et se laisse prendre au jeu (littéraire). J'aime bien quand les auteurs jouent ainsi avec les frontières (rêve/réalité, passé/recréation,...). Cela ajoute toujours une dimension intéressante. Le film est une très bonne adaptation, mais je crois que le lecteur se fait bien plus avoir que le spectateur du film, à moins de se montrer très attentif dès le début.

Un bon roman, très bien ficelé que je conseille donc vivement. Le film de Scorcese est bon également. Je trouve que deux des grandes critiques portées sur ce film sont injustifiées. En effet, on lui a reproché sa longueur (alors que chaque plan a une signification) et une version esthétisante des camps de la mort (j'avais même lu que c'était un élément non présent dans le livre, alors qu'il y est). Pour moi, les choix du réalisateur sont justifiés, on le ressent d'autant plus en lisant attentivement le texte original. Mais certains critiques ont la plume ou le clavier trop rapide et ne prennent pas le temps de bien regarder les films ni de bien lire les textes. En voici quelques extraits :

Mais ce jour-là, le ferry ne transportait pas de patients à l'asile; ses seuls passagers étaient Teddy et son nouveau coéquipier, Chuck Aule, ainsi que quelques sacs de courrier et plusieurs caisses de fournitures médicales.


- Il était quelle heure?
- Minuit deux minutes et trente-neuf secondes.
Chuck haussa les sourcils.
- Vous avez une horloge dans le ventre?
- Non, m'sieur, mais j'ai appris à regarder l'heure au moindre problème.

- Vous croyez qu'on lui a fait la leçon? s'enquit Chuck.
- Pas vous ?
- C'est vrai, son discours paraissait un peu forcé.



Grimmy