panthere-des-neiges
Sylvain Tesson est un auteur voyageur français, né en 1972. Je le connaissais de nom mais n'avais jamais rien lu de sa plume avant de répondre à l'appel de cette Panthère des neiges.
Ce récit fait partie des meilleures ventes de livres en langue française en 2019, autant dire que l'ouvrage avait sans aucun doute bénéficié d'une belle promotion et de bonnes critiques.
Pour ma part, je l'ai lu avec un regard vierge, sans avoir prêté attention au bruit médiatique d'il y a trois ans, sans regarder auparavant le profil politique de l'auteur (certains le décrivent comme un écrivain voyageur réac, qui essentialise les populations).
A vrai dire, l'homme m'intéresse peu (sinon j'aurais déjà su tout cela avant d'emprunter ce livre). Par contre, j'ai apprécié ce récit de ce voyage en compagnie de Vincent Munier : une belle confrontation aux milieux naturels, un style direct, limpide, de quoi nous faire partager un peu de cette quête de la vision d'un animal splendide, sauvage, tel que la panthère des neiges. Pour un homme qui était surnommé un temps "le prince des chats", pour un homme qui aime grimper sur les toits, on peut se douter de la portée ré-initiatique de ce voyage où le saint-Graal est une vision d'un majestueux félin.
Un beau récit, qui nous rend accessible le monde de ces "aventuriers de la nature", sans qui nous ne connaîtrions pas les coulisses des clichés d'une faune sauvage qui se raréfie.

"Panthère", le nom tintait comme une parure. Rien ne garantissait d'en rencontrer une. L'affût est un pari : on part vers les bêtes, on risque l'échec.


Jérôme Bosch, Flamand des arrière-mondes, avait intitulé une gravure Le bois a des oreilles, le champ a des yeux. Il avait dessiné des globes oculaires dans le sol et dressé deux oreilles humaines à l'orée d'une forêt. Les artistes le savent : le sauvage vous regarde sans que vous le perceviez. Il disparaît quand le regard de l'homme l'a saisi.


Un chat de Pallas, Otocolobus manul, surgit sur un piton au-dessus de la piste, avec sa tête hirsute, ses canines-seringues et ses yeux jaunes corrigeant d'un éclat démoniaque sa gentillesse de peluche. Ce petit félin vivait sous la menace de tous les prédateurs. Il semblait en vouloir à l'Evolution de lui avoir octroyé pareille dose d'agressivité dans un corps si charmant.

Edition NRF Gallimard, 18 euros.

Grimmy