^ion
Demande à la poussière est donc le troisième roman de Fante. Nous retrouvons Arturo seul à Los Angeles. Une de ses nouvelles a été publiée mais depuis il peine à vivre de son écriture.

La pauvreté du personnage est clairement évoquée à travers ses difficultés à payer son loyer, à se nourrir décemment (il se nourrit d'oranges) et à se vêtir. Arturo tient cependant à réaliser son rêve et persiste. Nous suivons donc ses premiers pas d'écrivains mais aussi ses premiers pas d'homme, face à une jeune Mexicaine, Camilla.

Ce livre m'a un peu moins plu que Bandini, peut-être parce qu'Arturo nous apparaît somme toute assez agaçant, plein de morve et dans l'exagération. Mais cela reste intéressant car l'écriture rageuse de Fante donne naissance à un personnage (ni héros, ni antihéros) de chair qui n'est pas travesti pour plaire aux lecteurs. C'est pour cela que je lirai probablement la suite des aventures de cet écrivain-miroir de l'auteur. Peu à peu, je m'attache à son écriture qui déborde.

Demande à la poussière a été adapté au cinéma en 2006 par Robert Town. Je ne l'ai pas vu mais d'après les critiques, le film est bien loin des excès du livre original.

Ou bien je paye ce que je dois ou bien je débarrasse le plancher. C'est ce que dit la note, la note que la taulière a glissé sous ma porte. Gros problème, ça, qui mérite la plus haute attention. Je le résous en éteignant la lumière et en allant me coucher.

La trouille d'une femme! Je te demande un peu. Ah, il est joli le grand écrivain! Comment il peut écrire sur les femmes s'il a jamais couché avec une femme? Ah, la grande gueule infecte, bidon, oui! Pas étonnant qu'il sache pas écrire! Pas étonnant qu'il n'y ait pas une seule femme dans Le Petit Chien Qui Riait. Pas de danger qu'il écrive une histoire d'amour, le sale petit merdeux, l'infect petit potache.

"Vous aimer bananes?" Tu parles. Et il me mettait une ou deux bananes. Plaisante innovation, ça, bananes et jus d'orange. "Vous aimer pommes?" Tu parles, et il me refilait une pomme ou deux. C'était nouveau comme mélange, ça : oranges et pommes. "Vous aimer pêches?" Pour sûr, et je ramenais le grand sac plein à dégueuler dans ma chambre. Intéressante innovation, ça, pêches et oranges. Je les déchirais à belles dents, je les mastiquais, le jus me vrillait l'estomac et gémissait là au fond. C'était si triste là en bas, dans mon estomac. Ca pleurait beaucoup, énormément même, avec des petits nuages gazeux vaseux qui me pinçaient le coeur.

Grimmy