cadeaudufroid.jpg J'ai eu la chance de découvrir ce livre grâce à Choco qui l'a généreusement mis sur la route pour le faire découvrir.

Le cadeau du froid est touchant à de multiples égards. Le conte est intéressant et bien narré, j'y reviendrai. Mais il m'a aussi touchée par sa propre histoire.
L'auteur a été élevée au village athabashan de Fort Yukon. Ses ancêtres ont connu des famines et lui ont transmis leurs légendes. Elle-même a choisi de vivre isolée dans une cabane de trappeur, à la dure. Elle sait donc de quoi elle parle quand elle évoque la nature et sa rigueur. C'est afin de transmettre durablement la mémoire de ses ancêtres qu'elle se rendait à pied jusque Fort Yukon pour taper la première version du Cadeau du froid sur un ordinateur prêté. La suite de l'histoire de l'édition de ce livre est racontée en postface et constitue quasi un deuxième conte, à mon avis. L'éditeur a eu raison de partager avec les lecteurs ce petit conte de fée éditorial.

Le cadeau du froid raconte donc la survie de deux vieilles femmes d'une tribu athabaskane lors d'un hiver particulièrement rigoureux. En cas de trop grande famine, les tribus pouvaient décider d'abandonner les membres les plus faibles et inutiles afin de conserver leurs vivres pour les "actifs". Se délester de poids morts pour garder la tête hors de l'eau, amputer une partie pour sauver le corps.
Ch'idzigyaak et Sa' se retrouvent ainsi abandonnées des leurs car trop âgées et trop plaintives. Mais ces deux femmes n'acceptent pas leur condamnation et décident de lutter à leur manière pour survivre. C'est leur cheminement que nous suivons dans ce conte. Je n'en dirai pas plus pour ne pas en dévoiler trop aux futurs lecteurs de ce récit.
Une belle histoire qui n'idéalise pas la nature ni les modes de vie ancestraux mais les retranscrit avec nuances et justesse. Le message est universel et porteur d'espoir. C'est une lecture très agréable. Merci Choco pour cette découverte !


Au cours des nombreuses années pendant lesquelles les deux femmes avaient accompagné la bande, le chef s'était pris d'affection pour elles. Maintenant, il lui tardait de s'en éloigner le plu vite possible, afin d'éviter des regards qui le mettaient si mal à l'aise.


Comment osaient-ils? Ses joues brûlaient d'humiliation. Elle et l'autre vieille femme n'étaient pas près de mourir ! N'avaient-elles pas cousu et tanné en échange de ce qu'on leur donnait? Elles n'étaient pas si faibles qu'il fallût les transporter d'un camp à l'autre. Elles n'étaient ni impuissantes ni condamnées. Et pourtant, on les avait assignées à la mort.


Grimmy