mapartdombre.jpgOù l'on apprend que les parents de James Ellroy l'avait appelé Lee Earle Ellroy, que l'école était pour lui une vraie galère (ben oui avec une telle association prénom-nom!), que sa mère avait été assassinée. Au départ la disparition de sa mère l'arrangeait car son minable de père l'avait convaincu que ce serait mieux de vivre entre père et fils. Il a ensuite grandi, comme il a pu, en oscillant entre la construction personnelle et l'autodestruction.

De James Ellroy, j'avais lu Le Dahlia noir, Le Grand nulle part et L.A. Confidential, sans trop m'intéresser à son histoire, à sa biographie, tant sa plume se suffit à elle-même. Ma Part d'ombre lève le voile et donne de nombreuses clés sur son auteur. Aucun pathos, mais une enquête distanciée et rétrospective sur le meurtre de sa mère, surnommée "la rouquine" et sur son parcours d'enfant, d'adolescent, puis d'adulte marqué au fer rouge par son milieu social et son environnement. Une double enquête passionnante qui constitue l'hommage d'un fils à la mère qu'il n'a pu/su aimer. Indispensable.

Tu m'avais emmené dans ta cachette comme ton porte-bonheur. Et je t'ai failli comme talisman - je me dresse donc aujourd'hui comme ton témoin.
Ta mort définit ma vie. Je veux trouver l'amour que nous n'avons jamais eu et l'expliciter en ton nom.



Le meurtre a eu droit à la page deux du Los Angeles Time, de l'Express et du Mirror. Il a eu droit à cinq secondes dans les infos télé régionales.
La rouquine cotait zéro. La vraie pâture, c'était le macchabée de Johnny Stompanato. La fille deLana Turner avait suriné Johnny en avril. L'histoire faisait toujours la une.



J'ai lu l'histoire du Dahlia une centaine de fois. J'ai lu le reste de The Badge et contemplé les photos. Stephen Nash, Donald Bashor et les incendiaires sont devenus mes amis. Betty Short est devenue mon obsession.
Et mon substitut symbiotique de Geneva Hilliker Ellroy.
Betty fuyait et se cachait. Ma mère s'était enfuie à El Monte pour s'y forger une vie secrète le week-end. Betty et ma mère étaient deux victimes, deux corps largués aux ordures. Jack Webb disait de Betty que c'était une fille facile. Mon père disait de ma mère que c'était une ivrognesse et une putain.



Le livre existe en poche chez Rivages/Noir (10.65€)
Pour aller plus loin : un webdoc avec entre autres des interviews de son éditeur en France, François Guérif

Grimmy