prisonniercaucase.jpegVladimir Bakanine est un auteur russe né en 1937 ayant obtenu plusieurs prix pour son oeuvre (dont le prix européen de littérature en 2012). Les nouvelles du recueil Le Prisonnier du Caucase et autres nouvelles paraissent en français en 2005 chez Gallimard, dans la NRF, dans une traduction de Christine Zeytounian-Beloüs (en neuf, il faut donc compter 21 € pour cette édition).

Souvent présenté comme le dernier "classique russe" vivant, Vladimir Bakanine a en effet une plume particulière, presque "vieillie". Je trouve Gogol plus moderne dans ses Nouvelles de Saint-Petersbourg à vrai dire. Pas de franc coup de coeur donc pour ce recueil découvert par hasard (au gré d'une vente liée à un désherbage en médiathèque). J'ai trouvé que la langue était belle, que c'était intelligent mais je n'ai absolument pas été touchée, à part peut-être par la nouvelle "La Lettre A" qui met en scène un groupe de déportés en Sibérie résistant à leur manière à l'oppression. Je le relirai peut-être dans quelques années, mais là, c'est trop froid pour moi. Quelques extraits pour la route :

Les soldats ignoraient probablement que la beauté sauverait le monde, mais ils avaient tous deux une certaine notion de la beauté.

Depuis plus d'un an, les zeks travaillaient fièrement à leur grand et mystérieux projet qui consistait à graver un certain mot sur la falaise près du camp. Pour qu'il se voie de loin. Avant tout, cette inscription était le fruit d'un labeur librement consenti et ne relevait pas du train-train honni de la vie carcérale. (Pas plus que, par exemple, les réserves secrètes de biscottes ou le concert amateur monté pour le Premier Mai. Quand ils avaient récité des poèmes de leur composition consacrés au grand leader.) Et puis c'était un peu un défi, bien sûr. Au camp, les mots ne signifiaient plus grand chose.

Au déclin des ans... Assagie, et la tête déjà passablement grisonnante... Que ressent une femme qui toute sa vie n'a aimé qu'un seul homme? Rien. Absolument rien.

Grimmy

Pour aller plus loin : le discours de Makanine à l'occasion des 8e Rencontres européennes de littérature. Très beau texte, avec une réflexion intéressante sur les mouchards.