voyageurlepluslent.jpg Le Voyageur le plus lent est un recueil de chroniques littéraires du romancier-journaliste-essayiste barcelonais Enrique Vila-Matas.

Ce livre m'a accompagnée lors de temps d'attente dans une gare et dans le train. Il risque de me suivre encore lors de futurs voyages car j'ai grandement apprécié sa compagnie. L'injonction "hâte-toi lentement" ouvre le recueil et est d'emblée illustrée par un conte chinois qu'Italo Calvino cite dans Six propositions pour le prochain millénaire. Ce conte que l'on pourait titrer Chuang Tzu et le crabe parfait (je vous invite à le chercher dans les livres cités) donne le ton : la lenteur peut nourrir la perfection, aussi acceptons d'avancer lentement, de rêvasser, de se perdre, comme lors d'un voyage où l'on se rend compte a posteriori que l'itinéraire est plus marquant, plus important que la destination.

Ce livre m'a amusée (j'ai bien ri en imaginant le libraire de Stuttgart ou en lisant "Brando m'a dit") et instruite. Si vous recherchez un véritable et honorable divertissement, une distraction au sens noble du terme, n'hésitez point : Enrique Vila-Matas est un bon compagnon de route. Pour ma part, je vais chercher à mieux le connaître en lisant prochainement l'Abrégé d'histoire de la littérature portative ou un autre de ses ouvrages.

Le café est aussi fort que l'impression que me fait ma rencontre avec le libraire de Stuttgart, le seul de toute la tournée qui ne paie pas un seul mark pour la séance de lecture dans sa charismatique librairie, dont l'héroïque passé gauchiste fait qu'y être admis à lire représente un grand honneur pour tout écrivain qui se respecte. Raison pour laquelle le libraire de Stuttgart ne paie pas et ne nous a pas réservé d'hôtel non plus, car nous allons avoir le grand honneur de dormir chez lui, moi, dans la "chambre des poètes", la pièce qu'il réserve à tous les élus qui acceptent son invitation à lire gratis dans sa fabuleuse librairie de gauche.


Bref, ce qu'il peut y avoir dans un nom est un problème très sérieux. Dans le cas contraire, que l'on interroge Oedipe. Ou moi-même. (E. Vila-Matas, lu à l'envers, donne Satam Alive, rien de moins que Satan Vivant).


Le lendemain, allant examiner l'état de nos voitures respectives, nous nous assîmes, tels Bouvard et Pécuchet, en même temps, sur le même banc. Le soleil tapait dur. Herralde me regarda lentement et, soudain, me demanda à brûle-pourpoint si je savais où était le consulat de Chine. Je compris que c'était irréversible et que, quoi que je fisse, j'étais condamné à être son ami.


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Présentation de l'auteur sur Wikipedia

Articles :
http://www.fabula.org/actualites/temps-zero-n3-enrique-vila-matas-miroirs-de-la-fiction_41539.php

http://www.lekti-ecriture.com/contrefeux/_Enrique-Vila-Matas_.html

Grimmy