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Sambre est une des premières bds que j'ai commencé à suivre sérieusement, pour laquelle je guettais les sorties, ce qui était prévu, etc. tout en me disant qu'Yslaire prenait beaucoup de temps entre deux albums, trop de temps pour moi, petite impatiente, qui voulait savoir la suite ! Il faut dire qu'entre 1996 et 2003, je commençais à craindre de ne jamais voir aboutir cette série. Je voulais savoir la suite des aventures de Bernard et Julie, ainsi que le destin des générations suivantes. Pour ceux qui ne connaissent pas Sambre, le point de départ, c'est une histoire-fresque d'amour maudite qui pèse sur une famille bourgeoise au moment de la Révolution de 1848. Mais ce n'est qu'un point de départ, car même si la construction de l'oeuvre d'Yslaire est circulaire (on en revient toujours à la malédiction), elle traverse les époques et les conditions sociales. Sambre est une histoire d'amour rouge sang, rouge sombre. La couleur et sa symbolique sont partie inhérente de l'histoire et du graphisme. Les dessins sont soignés et les couleurs magnifiques. Je n'en dirai pas plus, vous avez bien compris que j'étais une inconditionnelle.

Je ne sais pas si c'est Yslaire de lui-même qui a souhaité inaugurer un nouveau grand cycle ou si ce sont les éditeurs qui se sont dit que "quand même, faire attendre aussi longtemps des fans, ça marche bien Sambre, il faudrait peut-être se dépêcher pour redonner de l'énergie à une fresque qui compte de nombreux lecteurs fidèles". Toujours est-il que le cycle de La Guerre des Sambre a été initié en 2007 avec un concept un peu différent : Yslaire reste l'auteur mais a confié le livre I (sorte de sous-cycle de trois albums) de cet opus à deux jeunes talentueux dessinateurs, Jean Bastide et Vincent Mezil, qui ont investi le style Yslaire. Et pour le coup, l'attente est moins longue car il y a eu un album par an depuis le départ de La Guerre des Sambre. Le principe est non pas de poursuivre le cycle de Sambre (tant pis pour les curieux qui voulaient savoir la suite), mais de remonter la destinée des générations précédentes. Et hop ! de Julie, on remonte à Iris, et de Bernard à Hugo.

J'en viens à ce dernier moment du livre I, qui clôt les aventures d'Hugo et Iris. Les dessins sont très très beaux (chacun peut se regarder comme une carte à part) et l'histoire suit son cours, mais... j'ai été un petit peu déçue (enfin c'est un grand mot) à la fin. A trop vouloir expliquer et systématiser la malédiction, j'ai eu l'impression que le récit perdait de sa force, de son mystère. Les explications données en fin de volume sonnent un peu comme un "bon, vous pouviez le deviner mais là on vous explique clairement où on va". Des rappels au cours des albums, ces pages d'explication et pour finir, le plan avec les titres de tous les albums qui sont prévus,... Au secours, on assassine le mystère ! Ce n'est pas parce que les lecteurs disent qu'il veulent savoir le pourquoi et le comment, qu'il faut le leur donner.
Mais pour ne pas terminer sur cette petite réserve, voici un court extrait, pour vous faire goûter (de loin) à la malédiction des yeux :

« Si je puis me permettre un conseil, monsieur le patron, oubliez-la. C'est une femme de mauvaise vie, et si contagieuse qu'elle ne vous laisse que les cendres et vos yeux pour la pleurer... » Signé, votre dévoué secrétaire, H.S.

Grimmy