prudhomme_rebetiko.jpg

Cette BD parle de musique. Le rébétiko (1) est cette forme populaire d'expression musicale émergeant des quartiers populaires des grandes villes de Grèce au début du siècle. Elle est née du déracinement des Grecs d'Asie mineure contraints d'émigrer vers la Grèce continentale au moment de l'échange de population de 1922.

Cette BD parle de mauvais garçons. A l'image du fado ou du tango, les thèmes du rebetiko sont ceux d'un blues ordinaire: l'amour, la mort, le déracinement, l'alcool et surtout la drogue. L'ivresse procurée par le chanvre, d'où le sous-titre, La mauvaise herbe: les volutes du bouzouki et du baglama concurrencent celles du haschisch.

Cette BD parle de la Grèce. La Grèce des tavernes ombragées, des rues plombées de soleil, des nuits bleutées. La Grèce des bars glauques du Pirée, sombres et enfumés, peuplés de personnages interlopes. La Grèce à mi-chemin entre Orient et Occident, questionnée dans toute la dimension de sa grécité: narguilés et caryatides... La Grèce, enfin, de 1936, au début de la dictature de Métaxas, basculant à son tour dans un système dictatorial et fascisant.

– Posséder un bouzouki ou un baglama est illégal. Les flics les cassent. C'est que nous voguons vers l'Occident ! Ca a l'air stupide, comme ça, dans ce pays où est née la démocratie, mais...
– Dionysos est bien mort.
– Et le peuple l'accepte.

Cette BD parle d'amour et de solitude, de mort et de liberté.

Cette BD nous transmet le souffle libertaire qui habitait ces musiciens.

Cette BD est magnifique.

Attila

(1) Je ne peux que vous encourager à aller faire un tour sur le blog élaboré en parallèle par l'auteur, où vous trouverez, selon ses mots, « images, à côtés, essais, repentirs et musiques d'une bande dessinée sur le rébétiko ».