paroleetecriture.jpgUn peu de philosophie pour changer. Je n'en achète presque jamais mais là, un titre sur la parole et l'écriture, réédité par les éditions du Félin, en poche à 8,90€, je n'ai pas pu résister. Afin de découvrir de quoi il s'agit, je vous invite , d'abord à vous rendre ici, non pas que je sois très paresseuse (quoique), mais parce que pour le coup, je ferais une présentation bien en-dessous de celle réalisée par l'éditeur.
Vous êtes encore là? Bon, alors, déjà il s'agit d'un ouvrage bien fait (papier agréable, pas trop blanc, maquette simple mais bien réalisée, avec une préface de Philippe Perrot qui contextualise bien le texte). Ensuite la Parole et l'écriture fait partie des oeuvres morales de Lavelle. Paru en 1942, ce texte propose une réflexion intéressante sur les moyens d'expression et sur le silence. Le tout abordé de manière très fine, avec des mots simples, dans des chapitres courts. Une belle lecture, qui permet de réfléchir posément (parce que oui, il faut un peu de temps pour digérer le contenu) aux mots que nous utilisons, à ce rapport que l'expression orale ou écrite entretient avec le monde. Oui, les mots sont importants et puissants. Ce texte nous le rappelle, de manière beaucoup trop mystique pour moi (en même temps j'achète un livre sans connaître l'auteur, faut pas s'étonner non plus). Je vous laisse juger sur pièce :

C'est par la parole et par l'écriture que les hommes réussissent à capter tous ces éclairs secrets qui traversent chaque conscience, pour en faire une atmosphère de lumière qui est commune à toutes. C'est par elles que le sceau de chaque solitude se trouve rompu et le fossé qui sépare les différentes solitudes traversé.


Elle (l'écriture) n'est rien sans le style que la parole n'atteint que dans certaines réussites. Mais le mépris du style, si commun aujourd'hui, est le signe de la bassesse d'âme.


Le silence est l'atmosphère de notre esprit. La lumière dissipe la nuit, mais le son traverse le silence, qui le supporte, sans l'abolir. Il est comme l'air où la flèche vole, comme la mer que fend le navire. La parole ne laisse pas plus de trace dans le silence que la flèche dans l'air ou le navire dans la mer.


Quand on dit : il faut lire ce livre, on a tort de penser qu'il s'agit d'une même opération à laquelle tous les hommes peuvent être conviés et qui, pour un moment, les égalise. Car on ne lit jamais le même livre, on ne le lit pas avec le même regard, on n'y voit pas les mêmes choses, on n'en tire pas les mêmes leçons, on n'en parle pas dans le même langage.


Grimmy