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Je poursuis donc dans ma lancée du Combat ordinaire avec le deuxième opus (il va falloir que je retourne chez mon libraire pour avoir le troisième). Rien qu'en regardant la couverture et en l'associant au titre, on ressent la tendresse de Larcenet pour ses personnages.

Sur la quatrième de couverture, il est indiqué que "C'est l'histoire d'un photographe convalescent, d'un génie médiocre, d'un cargo qui sombre et du cheval de Zorro". Nous y retrouvons donc notre touchant photographe, Marco, qui continue son combat ordinaire en choisissant de donner la parole aux vivants proches plutôt qu'aux morts exotiques dans son travail photographique.

Je ne souhaite pas mettre trop de mots sur cette bande dessinée, pour ne pas en entamer la force ni déflorer son contenu. Encore une fois, il s'agit d'un album sensible et délicat, en demi-teintes, proposant une tranche de vie de Marco. Les quantités négligeables ont trouvé un porte-image à travers le double prisme Marco-Manu et ne serait-ce que pour cela, c'est une bd qui mérite d'être lue. A sa lecture, on ressent de la tristesse ("quel triste monde") mais aussi de la colère vis-à-vis de tout un milieu politique, médiatique et artistique qui, justement, estime que l'on peut considérer d'autres personnes comme quantités négligeables sans rien connaître de leur vie, sans appréhender leur richesse humaine, sans leur accorder l'intérêt qui leur est dû. Le combat ordinaire se mue donc en un combat contre la stupidité et l'arrogance, contre la facilité et l'hypocrisie. Pas de réponse, mais un combat personnel à mener pour ne pas perdre son identité.

Une belle bd qui rappelle que ce qui peut sembler quantité négligeable pour certains est un trésor à respecter et qui mêle intelligemment la tendresse, l'humour et la tristesse.

Un petit extrait, juste avant de vous quitter :

- Alors?

- Effectivement, c'est "joli"... c'est tellement "joli" qu'on pourrait les mettre sur les calendriers de la Poste... entre les petits chats et les chevaux ! C'est nul, ouais...

Grimmy