Les feuilles pas mortes - Romans2024-03-26T16:53:09+01:00urn:md5:9892057453c0bb1d98253c0ee5ea93d1DotclearTout le monde sait que ta mère est une sorcière - Rivka Galchenurn:md5:e3e86658916b75b0881b41126365053e2023-09-06T10:25:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansAllemagneAmériqueCanadaDalvaGalchen <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/Tout-le-monde-sait-que-ta-mere-est-une-sorciere.jpg" alt="Tout-le-monde-sait-que-ta-mere-est-une-sorciere.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Tout-le-monde-sait-que-ta-mere-est-une-sorciere.jpg, sept. 2023" /><br />
Publié aux éditions Dalva, <em>Tout le monde sait que ta mère est une sorcière</em> de Rivka Galchen relate une enquête menée au XVIIe siècle autour de Katharina Kepler, veuve accusée de sorcellerie.
Son fils Johannes est un célèbre mathématicien de la cour impériale mais malgré cette position très honorable, la pauvre Katharina Kepler est victime d'accusations, de jalousies, de rumeurs obscurantistes.<br /><br /></p>
<p>L'autrice canado-américaine s'est inspirée d'un procès réel et j'ai trouvé ce livre particulièrement réussi car il montre bien la mécanique à l’œuvre lors des accusations de sorcellerie : rumeurs, choix d'un bouc émissaire, impossibilité de se défendre, complicité silencieuse des habitants,... Le lecteur construit ainsi son opinion et ressenti en lisant le point de vue de l'accusée, celui d'un de ses voisins et des extraits de déclarations officielles lors de l'enquête. Avec une écriture somme toute assez clinique (parfaite pour bien voir les rouages), Rivka Galchen offre ainsi une belle réflexion sur la rumeur, sa force et son injustice. <br /><br /></p>
<p>Je pense que je lirai d'autres livres de Rivka Galchen car ce fut une très belle découverte pour moi. <br />
<br /></p>
<blockquote><p>Je commence ici mon récit, avec l'aide de mon voisin Simon Satler, car je ne sais ni lire ni écrire. Je maintiens que je ne suis pas une sorcière, que je n'ai jamais été une sorcière et que je ne suis apparentée à aucune sorcière. Dès mon plus jeune âge, cependant, j'ai eu des ennemis. <br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>J'ignore si elle a empoisonné Ursula Reinbold ou non. C'est une rumeur. Fondée ou non. Je sais qu'Ursula affirme que Katharina lui a fait boire du vin empoisonné. Et je sais que Katharina nie, dit que le vin avait peut-être tourné, mais qu'il n'était pas empoisonné. <br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Tout le monde sait que la mère d'Hans est une sorcière et tout le monde le sait depuis longtemps. Si seulement nous avions pris la situation plus au sérieux. Nous pensions qu'il s'agissait d'un jeu, de paroles en l'air. Je pensais que c'étaient des bêtises d'écolier. Je pensais que les gens racontaient des histoires, alors qu'ils disaient la vérité.<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br />
édité chez Dalva, 23 €</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2023/09/06/Tout-le-monde-sait-que-ta-m%C3%A8re-est-une-sorci%C3%A8re-Rivka-Galchen#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15521827Blackwater I, II, III, IV, V et VI, Michael McDowellurn:md5:b71b3d4e14860ed966024ff0fd61fc1b2023-09-05T15:36:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansAmériqueMcDowellMonsieur Toussaint Louverture <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/Blackwater-la-saga-qui-va-vous-rendre-accro.jpg" alt="Blackwater-la-saga-qui-va-vous-rendre-accro.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Blackwater-la-saga-qui-va-vous-rendre-accro.jpg, sept. 2023" />
<br />
C'est un peu après la marée que j'ai lu cette saga de Michael McDowell, un des best seller de l'été 2022. Et ce fut une lecture vraiment plaisante : une saga fantastique comme je les aime avec "juste" quelques éléments un peu étranges. J'ai été séduite par l'ensemble de la saga et je suis contente de l'avoir lue cet été. Si vous n'avez pas encore plongé dans <em>Blackwater</em>, n'hésitez plus ! <br /><br /></p>
<p>En plus, c'est bien traduit et bien édité, avec des livres aux couvertures magnifiques (oui, j'aime le doré!). Vraiment, ça vaut le coup de les acheter !<br />
<br /></p>
<blockquote><p>- La première fois que j'ai regardé par la fenêtre, vous n'étiez pas là. La chambre était vide.</p>
<p>
- J'étais là. Seulement vous ne m'avez pas vue. Peut-être à cause du reflet. J'étais assise juste là. Je ne vous ai pas entendus arriver.</p>
<p>
Il y eu un silence. Bray scrutait Elinor d'un air de profonde méfiance. Menton baissé, Oscar se demandait quoi faire.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>"Écoute-moi bien Zaddie. Cette digue - si jamais un jour elle est construite - n'apportera rien de bon à la ville.</p>
<p>
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?</p>
<p>
- Moi vivante, et tant que j'habiterai dans cette maison, il n'y aura pas de crue à Perdido, avec ou sans digue. Les rivières ne monteront pas.</p>
<p>
- Mam'selle Elinor, vous pouvez pas..."</p>
<p>
Elinor ignora cette protestation.</p>
<p>
"Par contre Zaddie, quand je serai morte, reprit-elle, avec ou sans digue, cette ville et tous ses habitants disparaîtront de la surface de la terre..."<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>La nuit, Queenie avait peur. Elle n'avait encore jamais dormi dans une maison, et celle de James lui semblait particulièrement isolée. Les pièces étaient sombres, remplies de bruits et de formes étranges. Un petit animal s'était glissé dans le grenier, où il passait la nuit à fureter. Le parquet craquait sous le poids des piles de cartons; il n'était pas rare que la délicate vaisselle en porcelaine de James s'entrechoque dans les placards, comme déplacée par une main invisible. <br /></p></blockquote>
<p><br />
Editions Monsieur Toussaint Louverture, le tome est à 8,40€.</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2023/09/05/Blackwater-I%2C-II%2C-III%2C-IV%2C-V-et-VI%2C-Michael-McDowell#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15521215Les étoiles s'éteignent à l'aube - Richard Wagameseurn:md5:ab5c8cd82b639d4704ea5a01c30f38ab2023-09-01T09:43:00+01:00lesfeuillespasmortesRomans10-18CanadaEditions ZoéWagamese <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/les-etoiles-seteignent-a-laube.png" alt="etoiles" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="etoiles, sept. 2023" /><br />
Les étoiles s'éteignent à l'aube est un roman de Richard Wagamese. Cet auteur ojibwé fut le premier lauréat indigène d'un prix de journalisme national canadien. Il nous a malheureusement quitté en 2017, à l'âge de 61 ans. <br /><br /></p>
<p>Pour le coup, il s'agit d'un énorme coup de cœur littéraire. J'ai tout aimé dans ce roman : l'intrigue, la quête initiatique, la finesse, la poésie. Je l'ai emprunté en bibliothèque mais je l'ai tellement apprécié que je crois que je vais l'acheter pour notre maison (et ça, croyez-moi, c'est qu'il m'a vraiment beaucoup plu car j'essaye plutôt de limiter mes achats car zut, les livres, ça en prend de la place à force!). <br /><br />
La quête : un adolescent de 16 ans est appelé par son père qui souhaite aller mourir au cœur de la montagne canadienne, là où l'on enterre les guerriers.<br />
Les protagonistes : un jeune homme élevé par un tuteur assez âgé, un homme ravagé par l'alcool et par la vie, la nature canadienne, la culture indienne.<br />
<br />
La langue : une langue assez condensée, dure, très juste, avec de très belles évocations poétiques. <br />
<br />
Si vous ne l'avez pas lu, je vous invite à vous y plonger. Ce roman est magnifique car au fur et à mesure que le jeune Franklin Starlight chemine et prend connaissance de l'histoire de son père et de ses origines, le lecteur découvre ou redécouvre l'histoire de l'identité indienne.Je vous souhaite une belle découverte !<br />
<br /></p>
<blockquote><p>- J'vais t'accompagner sur la piste un bout de temps. Tu vas le trouver malade. Tu le sais, non? Le vieil homme le fixa d'un regard sérieux et il remit le portefeuille dans la bavette de sa salopette.
- J'l'ai déjà vu malade.
- Pas comme ça.
- J'pourrai faire face.
- Faudra bien. Va pas croire que ça va être rose.
- Ca l'a jamais été. Quand même, c'est mon père.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>- Tes grands-parents étaient tous les deux des sang-mêlé. On était pas des Métis comme on appelle les Indiens français. On était tout simplement des sang-mêlé. Des Ojibwés. Mélangés à des Ecossais. Des McJib. C'est comme ça qu'on nous appelait. Personne ne voulait de nous. Ni les Blancs. Ni les Indiens. Alors tes grands-parents et eux comme les autres ne faisaient que suivre le travail et ils essayaient de s'en sortir le mieux possible. On campait dans des tentes ou on squattait les terrains broussailleux que personne voulait ou des cabanes abandonnées, des remises, des trucs comme ça. Jamais une vraie maison. <br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Il entendait l'ours rôder doucement le long de la rivière, faisant tomber des pierres et poussant des grognements de fond de gorge.<br />
- Qu'est-ce que tu vas faire? maugréa son père.
- On peut pas courir, dit le garçon. Il enleva le sac de son dos, le laissa tomber par terre derrière l'arbre. Y faut l'affronter.
- T'es fou?
- Y va bien falloir.
- Y va te tuer.
- Si j'ai la trouille, c'est possible.
- T'as pas la trouille?
- Si. Mais il a pas besoin d'le savoir. <br /></p></blockquote>
<p><br />
Editions Zoé, 20 €
Disponible en édition poche chez 10/18</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2023/09/01/Les-%C3%A9toiles-s-%C3%A9teignent-%C3%A0-l-aube-Richard-Wagamese#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15517416Les Géants - Ermanno Cavazzoniurn:md5:dfe499a9e0dcc8fe8b7be6fea254337f2023-08-29T15:51:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansCavazzoniItalieLe Nouvel Attila <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/couv-geants.jpg" alt="((/public/couv-geants.jpg" title="L" />
<br />
D'où viennent les Géants? Qui sont-ils? Où vont-ils? Que mangent-ils? Sont-ils intelligents? Sont-ils intéressants à intégrer dans une troupe? Tout ce que vous vous demandez sur les Géants, vous pourrez le savoir grâce à ce livre. Son narrateur explore les sources littéraires dans lesquelles figurent les Géants et en tire des conclusions. <br />
J'ai trouvé le texte divertissant, une sorte d'amusement très lettré, qui peut donner envie de relire d'anciens textes. C'est absurde mais sourcé (ou sourcé mais absurde avec de grandes digressions). Cela m'a aussi rappelé les recherches de certains universitaires, le ton est différent mais le travail de fond sur la littérature afin de caractériser des personnages est très sérieux (il y a même un index!).<br />
<br />
C'est totalement oulipien et édité par les éditions Le Nouvel Attila, dans une traduction de Monique Baccelli.<br />
<br /></p>
<blockquote><p>L'espèce produit surtout des mâles et les géantes sont rares. Rares et repoussantes, d'ailleurs. Aussi restent-elles terrées chez elles loin de toute vie publique. Sauf en période de chaleur, elles refusent de se montrer, comme les cafards qui ne sortent que la nuit. La tiédeur des réactions mâles montre qu'eux-mêmes s'en rendent compte. Le dimorphisme sexuel n'est pas très prononcé, il est vrai.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>La carrière de voleur n'a jamais enrichi personne. Sauf en politique. Mais en politique, les voleurs n'ont pas besoin de se balader avec des chameaux ni de kidnapper les soubrettes de la télévision pour les séduire. Dans le fond, les géants étaient naïfs, et ils n'auraient jamais dû entrer en politique avec leur mentalité, puisqu'ils finissent toujours en pièces détachées.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>La base, chez les proto-géants archaïques comme dans toutes les mafias, c'est le lien de parenté. A moins d'être psychiquement fragiles, ou d'avoir des jumeaux à la personnalité fusionnelle, inséparables sans graves dommages pour leur ego, les géants ne vivent pas en fratrie. Les proto-géants archaïques vivent donc en mafia.<br /></p></blockquote>
<p><br />
Le Nouvel Attila, 20 €.</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2023/08/29/Les-G%C3%A9ants-Ermanno-Cavazzoni#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15514962Mangeterre - Dolores Reyesurn:md5:9e809c3dc0af55b95aed57d71bdf5afd2023-08-21T14:05:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansArgentineReyeséditions de l Observatoire <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/mangeterre.jpg" alt="mangeterre.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="mangeterre.jpg, août 2023" />
Publié en 2020 par les Editions de l'Observatoire, <em>Mangeterre</em> (<em>Cometierra</em>) est un roman de Dolores Reyes, traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon. <br /><br /></p>
<p>Deux enfants - ados se retrouvent à vivre seuls après le décès de leur mère et le départ de leur tante. La fille, surnommée Mangeterre, possède un don qui lui permet de savoir ce qui est arrivé à un ou une disparu(e) en mangeant un peu de sa terre. Ce roman oscille entre l'hyper réalisme et le fantastique. On peut le lire comme un roman initiatique ou comme une dénonciation de la violence économique et sociale en Amérique du Sud. J'ai apprécié cette lecture car la figure de Mangeterre, personnage qui voit et qui permet de secourir des victimes (quand il est encore temps) est loin des personnages de séries télé (doués et beaux), il s'agit davantage d'une adolescente juste extra-ordinaire (et l'extra est dans ce don lié à la terre) qui vit dans un monde miséreux et violent. On suit son parcours, ses relations avec les autres (son frère, son père, les amis de son frère, ses amoureux, ses "clients") et on la voit bien évoluer, sans jamais rentrer dans un texte psychologisant.</p>
<blockquote><p>- Les morts ne traînent pas chez les vivants, il faut que tu comprennes ça.
- Je m'en fous. Maman est toujours ici, chez moi, dans la terre.
- Arrête ton char, tout le monde t'attend.
S'ils ne veulent pas m'écouter, j'avale de la terre.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>D'autres personnes n'osaient même pas franchir la grille. Elles laissaient la terre de leurs morts dans une bouteille avec une carte de visite et, attaché autour du goulot en verre, un nom. Je récupérais les bouteilles pour les disposer entre les plantes du jardin. Les jours de pluie battante, l'eau s'insinuait à l'intérieur, mélangeant leur terre à la mienne.
Chaque bouteille était un peu de terre en mesure de parler.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Après que j'avais mangé la terre du rêve où elle m'était apparue, Ana est devenue bizarre. Elle se méfiait de moi. J'essayais de lui parler comme d'habitude, mais ce n'était plus pareil. Le silence planait. Elle observait tout ce que je faisais et j'avais l'impression qu'elle me surveillait parce qu'elle avait peur que je me remette à manger de la terre.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<p>Editions de l'Observatoire, 20 €.</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2023/08/21/Mangeterre-Dolores-Reyes#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15507785Les Filles d'Egalie - Gerd Brantenbergurn:md5:be762e5ea98ad9e98eda470ab947938c2023-07-03T13:50:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansBrantenbergNorvègeZulma <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/lesfillesdegalie.jpg" alt="les-filles-d-egalie" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="les-filles-d-egalie, juil. 2023" />
Gerd Brantenberg est née en 1941 à Oslo. Elle a écrit <em>Les Filles d'Egalie</em> en 1977. Ce roman féministe a été pour la première fois traduit en français en 2021, par Jean-Baptiste Coursaud. Publié par la maison d'édition Zulma, l'ouvrage fait partie de la collection "Bibliothèque idéale des littératures européennes".<br /><br /></p>
<p>Imaginez un monde où les rapports homme / femme sont inversés, où ce sont les hommes qui pouponnent, qui se pomponnent et les femmes qui sont des marines-pêcheuses, dirigent des entreprises et décident. Imaginez un monde où ce n'est plus le masculin qui l'emporte, même en écriture. Bienvenue en Egalie ! où l'on ne dit pas "il fait beau", mais "elle fait beau", ni "il se peut que", mais "elle se peut que", etc.<br /><br /></p>
<p>Alors au début, c'est un peu perturbant, cette féminisation de la langue et cette inversion poussée jusqu'au bout des rôles. J'ai mis un peu de temps à m'habituer à cette langue "féminisée" (la force de l'habitude, tout ça) mais ce roman vaut vraiment le coup. Car en terre d'Egalie, nous ne sommes pas en terre d'égalité, non, non, non, mais les hommes sont opprimés par les femmes. Et c'est raconté avec un luxe de détails. Le tout est une sorte de roman-système avec un humour assez mécanique. Proche du roman initiatique également, <em>Les Filles d'Egalie</em> retrace le parcours de Petronius, jeune de quinze ans, fils de la Directrice Brame, de son premier bal des débutants à sa prise de conscience politique. <br /><br /></p>
<p><br />
Une belle satire qui donne matière à penser, à réfléchir. <br /><br /></p>
<blockquote><p>Brame secoua la tête d'indignation. Déesse du ciel! Et dire que ce genre de fadaises prenait tant d'importance dans sa vie! Les hommes faisaient décidément toujours des caprices. Quoique... Rut Brame devait admettre que Kristoffer était très affriolant avec sa belle barbe bien coiffée, toute douce et parfumée. <br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Kristoffer Brame né Enlise avait embrassé son quotidien d'homme au foyer avec amour et ardeur. Il débordait de gratitude en songeant qu'il bénéficiait d'une existence bien meilleure que celle de son père. Et malgré tout, de temps en temps, il éprouvait une pointe de regret de n'avoir jamais eu l'occasion de vivre sa passion pour la mécanique. Il avait à maintes reprises abordé le sujet devant son épouse qui, non sans un sourire oblique, lui avait répondu que rien ne l'empêchait de profiter de son temps libre pour se plonger autant qu'il voulait dans la lecture d'ouvrages consacrés à la mécanique. <br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Pourquoi en était-elle ainsi et comment cela avait-elle commencé? Pourquoi tremblaient-ils à l'idée de semer une graine dans la terre? Pourquoi acceptaient-ils que les femmes sachent cultiver la terre en vertu de leur seule nature? Pourquoi devaient-ils apprendre à l'âge adulte ce que les femmes apprenaient enfants? Pourquoi les règles étaient-elles une source de force alors que le sperme était une source de honte. Pourquoi en allait-elle ainsi? Pourquoi était-ce devenu ainsi? Qui l'avait inventé?</p></blockquote>
<p><br />
<br /></p>
<p>Editions Zulma Poche, 12 euros.</p>
<p>Pour aller plus loin : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=CbeBdGq-TG4" hreflang="fr">Masterclass sur la littérature norvégienne, avec Jean-Baptiste Coursaud (traducteur du roman ''Les Filles d'Egalie'').</a></p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2023/07/03/Les-Filles-d-Egalie-Gerd-Brantenberg#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15487197Vies arides - Graciliano Ramosurn:md5:82c66c6e3b61a4d54fad83cfa6bccecf2023-04-27T11:36:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansBrésilChandeigneGraciliano Ramos <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/vies-arides.jpg" alt="vies-arides" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="vies-arides, avr. 2023" /><br /><br />
<em>Vidas secas</em>, de Graciliano Ramos est un récit composé en 1938. Ecrit en portugais, je l'ai lu dans la traduction de Mathieu Dosse, éditée par les éditions Chandeigne en 2014 sous le titre <em>Vies arides</em>. Ce titre fait partie des classiques de la lecture brésilienne et fut adapté au cinéma en 1963 par Nelson Pereira dos Santos. Il relate, en 13 chapitres pouvant être lus presque indépendamment les uns des autres, la vie d'une famille pauvre brésilienne dans le sertão. Il fait sec, très sec et pour Fabiano le vacher, la vie est un perpétuel recommencement. Trouver un lieu de vie (ou de survie plutôt), de quoi manger et faire manger sa famille, fuir un lieu asséché et désolé dans l'espoir d'un possible nouveau futur. <br />
Le style est réaliste et le propos, somme toute, très humaniste : cette famille échange peu, les enfants sont anonymes, la chienne Baleine est un personnage à part entière, symbole de la fatalité. Cette famille privée de tout (argent, études, mots) survit et reste debout, en mouvement, même quand le peu qu'elle a s'effondre.
<br />
Un récit très fort, sans complaisance, qui montre la vie rude et âpre des laissés pour compte. <br /></p>
<blockquote><p>- Marche, excommunié.<br />
Le gamin ne bougea pas, et Fabiano eut envie de le tuer. Il avait le coeur lourd, il voulait trouver un responsable à sa détresse. La sécheresse lui semblait un fait nécessaire - et l'obstination de son fils l'irritait. Bien sûr, ce maigre obstacle n'était pas le coupable, mais il entravait leur marche, et le vacher devait arriver. Où? Il ne le savait pas.
<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Il était indispensable que les enfants prennent le droit chemin, qu'ils sachent couper le mandacaru pour le bétail, réparer les clôtures, dompter les bêtes. Il fallait qu'ils soient durs, qu'ils deviennent des tatous. S'ils ne s'endurcissaient pas, ils finiraient comme monsieur Tomas du moulin à roue. Le pauvre. A quoi ça lui avait servi tous ces livres, tous ces journaux? Il était mort à cause de son estomac malade et de ses jambes faibles.
<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>En se comparant aux gens de la ville, Fabiano se jugeait inférieur à eux. C'est pourquoi il les soupçonnait de se moquer de lui. Il se renfrognait et fuyait les conversations. On ne lui parlait que pour lui soutirer quelque chose. Les marchands volaient sur la mesure, le prix et le compte. Son patron se livrait, avec une plume et de l'encre, à des calculs incompréhensibles. Lors de leur dernière rencontre, il y avait eu une erreur sur les chiffres et Fabiano, la tête en feu, indigné, avait quitté le bureau de l'homme blanc, convaincu d'avoir été volé. Il était lésé de toutes parts. Les vendeurs, les marchands et le propriétaire le dépouillaient, et ceux avec qui il n'avait pas d'affaire riaient de le voir passer en trébuchant dans les rues. Par conséquent, Fabiano évitait le contact avec ces gens-là. Il savait que ses habits neufs, coupés et cousus par sinha Terta, le faux col, la cravate, les bottines et le chapeau de feutre le rendaient ridicule, mais il ne voulait pas y penser.</p></blockquote>
<p><br />
<br />
Editions Chandeigne, 20 €.</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2023/04/27/Vies-arides-Graciliano-Ramos#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15486105Bons baisers de Lénine - Yan Liankeurn:md5:832e646723a53c72366c0dbc0ce1644b2023-04-25T17:42:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansChinePicquierYan Lianke <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/bons-baisers-lenine.jpg" alt="bons-baisers-lenine" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="bons-baisers-lenine, avr. 2023" /><br />
<br />
Yan Lianke est un auteur chinois né en 1958. Connu à l'étranger, il est décrit comme un romancier iconoclaste, souvent interdit de parole dans son pays.<br />
Dans <em>Bons baisers de Lénine</em>, il relate l'histoire d'un village perdu, Benaise, où seuls vivent des handicapés (sourds, aveugles, boîteux, manchots,...). Ce village a son propre fonctionnement et ses habitants y sont heureux (d'ailleurs, dans le district on dit être "benaise" quand on est bien comme il faut). Quel rapport avec Lénine me direz-vous? Eh bien, un jour, leur chef de district (un "gens complet") décide de créer un haut-lieu touristique, les Ames mortes (ha ha! coucou Gogol), où seront regroupés les momies / dépouilles de grands hommes. Afin de réunir les fonds nécessaires à l'achat aux Russes de la momie de Lénine, il décide de former une troupe benaise, sorte de production de freaks.<br />
<br />
Le cadre est donné : de l'humour assez noir, distancié, une histoire assez foutraque et une belle critique du capitalisme (et aussi du communisme tel qu'il peut être pratiqué). Alors, j'avoue avoir été un peu perdue dans ce livre. Je l'ai d'ailleurs recommencé car j'avais du mal à entrer dedans. Mais... il vaut le coup. L'écriture est un peu froide et je crois qu'il me manquait les codes culturels de l'humour chinois. J'ai également été un peu perturbée au départ par la grande série de notes explicatives, ainsi que par la narration proche de la fable au départ et puis... en prenant aussi de la distance, on rigole (noir et jaune).<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Voyez-vous ça : c'était la canicule, on était mal benaise et il a neigé ! Une neige chaude est tombée.<br />
En une nuit l'hiver est revenu. Ou plutôt : après qu'en un clin d'oeil l'été s'en est allé, sans laisser à l'automne le temps de se poser, à pas pressés il s'est installé. L'été était torride, et faisant fi de tout principe le temps s'est détraqué, nous a fait une crise d'épilepsie.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Tous ceux qui avaient un soupçon d'art devaient s'inscrire auprès du chef du district. Le secrétaire notait dans son carnet la ribambelle des noms et leurs talents particuliers :<br />
Le Singe Une-patte : court sur une seule jambe.<br />
Ma le sourd : pétards accrochés à l'oreille.<br />
Le borgne : enfile les aiguilles.<br />
La paralytique : brode sur les feuilles d'arbre.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Quand les pétards se turent, le sourd retira tranquillement sa plaque de fer, qu'il battit comme une percussion au bénéfice du public. Puis il ramassa par terre un pétard qui n'était pas parti, le posa dessus, l'alluma, et ce fut exactement comme s'il avait explosé sur un gong. Après quoi, de nouveau, il tendit aux spectateurs son profil gauche, d'un noir de laque à force de fumées chaudes, pour qu'ils soient bien sûrs qu'il était complètement boucané et parfaitement calme. Enfin il leur sourit, d'un sourire niais et satisfait.<br /></p></blockquote>
<p><br />
Traduction de Sylvie Gentil.<br />
Editions Picquier poche, 11, 70 €.</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2023/04/25/Bons-baisers-de-L%C3%A9nine-Yan-Lianke#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15486064Faire surface - Margaret Atwoodurn:md5:dd0803e0930094b39f18aa8c8773d0b32022-10-04T14:08:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansAtwoodCanadaLaffont <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/Atwood-Margaret-Faire-Surface-Livre-1942011219_ML.jpg" alt="fairesurface" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="fairesurface, oct. 2022" /></p>
<p>De Margaret Atwood, j'avais déjà lu <em>Captive</em>. Par contre, je n'ai toujours ni lu ni regardé <em>La Servante écarlate</em>. Cette romancière, poète et essayiste est née en 1939 à Ottawa, au Canada et fait partie de mon top des plumes contemporaines (oui, je vais créer mon top, rien qu'à moi, sans quota, que de la pure subjectivité), pour son regard acéré sur la société et les relations humaines.<br /><br /></p>
<p>Comme je ne sépare jamais l’œuvre de la femme, j'ajouterais que je ne suis guère étonnée de voir qu'elle est fille de zoologiste. Je trouve à son écriture un aspect assez clinique, un peu froid. Aucun jeu sur le pathos, mais des faits et des informations, qui demandent au lecteur un petit travail de décryptage. Pour le coup, c'est une technique d'écriture très efficace et subtile puisque la lectrice que je suis aime quand on demande à son cerveau de reconstituer une lecture à partir d'éléments.<br /><br /></p>
<p><em>Faire surface</em> date de 1972. Ce roman raconte à la première personne le parcours d'une femme qui revient sur les lieux de son enfance, sur une île, à la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Son père a disparu et ce retour aux sources se fait en compagnie de trois personnes : son compagnon et un couple d'amis.<br />
Sur la quatrième de couverture, l'éditeur de la traduction française, Laffont, qualifie ce récit de "moitié enquête policière, moitié thriller psychologique" et de livre "que l'on peut décrire comme un polar œdipien". Alors, oui, pourquoi pas. De mon côté, j'ai trouvé que ce roman était si riche, si inattendu (au sens vrai, on ne s'attend pas à un déroulé précis, comme dans un bon policier bien mené) qu'il était bien difficile de le catégoriser.<br />
Alors oui, le lecteur (désolée, je ne suis toujours pas passée à l'écriture inclusive, je reste bloquée au siècle dernier) se demande pourquoi elle vient là, qui sont les gens qui l'accompagnent, où est passé le père disparu, c'est vrai. Mais, au final, le lecteur accompagne lui aussi cette femme et découvre son univers, qu'il soit extérieur (on y découvre un mode de vie assez ascétique, en lien très fort avec la nature) ou intérieur (cette femme, qui n'est pas volubile, est elle aussi un mystère). D'ailleurs son prénom importe peu, le regard, bien que d'un point de vue interne, est presque extérieur, dépersonnalisé.<br />
Si vous avez envie de lire un récit subtil et fort, un de ceux qui vous font réfléchir, qui vous laisse une impression d'incompréhension (et ça, c'est fortiche car nous ne sommes pas du tout dans un récit qui se résout totalement, alors qu'il a une véritable fin), vous pouvez courir les yeux fermés (mais attention au poteau!) chez votre libraire préféré ou dans votre médiathèque chérie. <br />
<br />
Je l'ai lu dans l'édition Pavillon poche de Laffont, dans la traduction Marie-France Girod. Le livre coûte 8,90 euros et se trouve assez facilement en bibliothèque (sinon vous pourrez toujours l'ajouter aux suggestions d'achat).<br />
<br />
Quelques extraits pour mettre l'eau à la bouche (je voulais mettre la larme à l’œil, mais ça ne marche pas) :<br /></p>
<blockquote><p>Nous n'avons pas apporté de carte car je savais que nous n'en aurions pas besoin. "Il faut demander", dis-je. L'auto fait marche arrière puis nous roulons dans la rue principale jusqu'à un coin où se trouve un magasin de journaux et de bonbons.<br />
"Vous voulez parler de l'ancienne route, dit la femme avec seulement un soupçon d'accent. Il y a des années qu'on l'a fermée, celle qu'il faut prendre c'est la nouvelle." Je lui achète quatre cornets de crème glacée à la vanille parce qu'on n'est pas censé demander sans rien acheter.</p></blockquote>
<p><br />
<br /></p>
<blockquote><p>D'une voix basse, Anna dit : "Il n'aime pas me voir sans maquillage", puis, se contredisant : "Il ne sait pas que je me maquille." J'ai un aperçu du subterfuge que cela implique, ou bien est-ce du dévouement : doit-elle chaque matin avant qu'il ne soit réveillé se glisser hors du lit et le réintégrer le soir après que les lumières sont éteintes? Peut-être que David fait de pieux mensonges; mais elle estompe si savamment les fonds qu'il peut ne rien avoir remarqué.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>
J'ai tourné l'anneau au doigt de ma main gauche, souvenir; il me l'avait donné, de l'or tout simple, il disait qu'il n'aimait pas l'ostentation, cela nous facilitait l'accès aux motels, ouvreur de porte; entre-temps je le portais autour du cou, passé dans une chaîne.<br /></p></blockquote>
<p><br />
Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2022/10/04/Faire-surface-Margaret-Atwood#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/15482209Out - Natsuo Kirinourn:md5:17b5fc68b818a6bf6ba844a1f585e7932018-09-24T10:52:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansJaponSeuil <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/blob_006.jpg" alt="out" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="out, sept. 2018" /></p>
<p>C'est en cherchant un roman policier japonais que je suis tombée sur <em>Out</em> de Natsuo Kirino, auteure ayant remporté de nombreux prix littéraires. <br /><br /></p>
<p>Quatre femmes travaillent dans une fabrique de paniers-repas, la nuit. Quatre femmes qui sont différentes facettes d'une représentation de la solitude et de la misère sociale japonaise. Oui, il y a des crimes, du sang, du fait divers, mais là où Natsuo Kirino excelle, c'est dans la lente description d'une société où les femmes ne valent pour les hommes que par leur beauté quand elles sont jeunes ou par l'argent qu'elles ramènent au foyer quand elles sont "fanées". <br /><br /></p>
<p>L'intrigue est bien menée mais pour moi, elle est surtout le prétexte à la description de la vie de femmes dont on ne parle que rarement : des ouvrières, de nuit qui plus est, célibataires endettées ou mère de familles délaissées; des femmes qui s'épuisent au travail, coincées dans leur vie quotidienne. Leur portrait n'est pas flatteur : elles agissent comme elles peuvent et ne sont pas mues par de grands idéaux. L'argent détermine souvent leurs actions : elles en ont besoin pour rembourser leurs dettes, garder leur toit sur la tête ou gagner leur liberté. Ce sont des victimes dont on ne peut attendre grand chose... <br /><br /></p>
<p>Les hommes valent encore pis : ils boivent, jouent, dépensent dans la débauche l'argent durement gagné par les femmes ou exploitent de belles jeunes filles dans des clubs de prostitution. <br />
Une société sans pitié où des femmes sans histoire se retrouvent, par solidarité et appât du gain, dans de sordides situations. En parallèle, on découvre la chute d'un gérant de club de prostitution et de jeux, un oppresseur au sombre passé.<br /><br /></p>
<p>Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue (d'ailleurs la 4e de couverture de l'édition que j'ai lue en disait beaucoup trop, pour attirer l'attention sur l'aspect "thriller" du titre). Bonne découverte !<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Une légère odeur de friture flottait dans l'air, mêlée à des bouffées de gaz d'échappement provenant de la route de Shin-Ômé. Elle émanait de la fabrique de paniers-repas où Masako allait travailler.
"J'ai envie de rentrer."
Chaque fois qu'elle sentait cette puanteur, ces mots lui échappaient. Mais rentrer où? Une chose était certaine : pas à sa maison, qu'elle venait de quitter.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Une épouse travailleuse pouvait avoir du bon, mais pour un mari paresseux, c'était remuer le couteau dans la plaie. Yoshié se souvint de son mari, mort de cirrhose cinq ans auparavant. Plus elle se mettait au service de sa belle-mère, plus elle contribuait à l'économie du ménage en faisant de petits travaux à domicile; mais plus elle se démenait pour la famille, plus elle agaçait son mari.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Ca ne l'enchantait guère de travailler la nuit, mais il y avait peu d'employeurs prêts à engager une mère de famille obligée de s'absenter dès qu'un enfant tombait malade. Avant d'être embauchée à la fabrique de paniers-repas, elle avait travaillé à temps partiel comme caissière dans un supermarché. Mais après avoir refusé de travailler le dimanche et s'être absentée pour rester plusieurs fois près d'un de ses fils alité, elle avait été licenciée sans autre forme de procès.</p></blockquote>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2018/09/24/Out-Natsuo-Kirino#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/10200220Karoo - Steve Tesichurn:md5:a8029af714f6b0156d46d11f89018e3d2014-07-16T14:25:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansEtats-UnisMonsieur Toussaint LouverturePointsSerbieSteve Tesich <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/karoo.jpg" alt="karoo.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="karoo.jpg, juil. 2014" /> Publié chez<a href="http://www.monsieurtoussaintlouverture.net/" hreflang="fr"> Monsieur Toussaint Louverture</a> en 2012 pour sa traduction française et disponible en poche aux éditions Points, Karoo a fait couler beaucoup d'encre et a régulièrement été mis en avant par les libraires, et ce sans promotion médiatique de fou puisque Steve Tesich est décédé avant la publication de cet ouvrage et que l'ouvrage est publié par un éditeur estimé mais peu médiatisé. Avant toute chose, je profite donc de ce billet pour remercier Monsieur Toussaint Louverture de nous faire découvrir de tels textes et de se battre pour leur diffusion. J'aime beaucoup cette maison d'édition et vous encourage donc à visiter leur site et à acheter (presque les yeux fermés) leurs ouvrages.<br />
Alors pour faire bref, ça se passe aux States et raconte la chute d'un anti-héros sur la fin qui réécrit des scripts pour le cinéma, un homme en pleine crise de "je ne suis plus aussi jeune que je le voudrais et je suis un raté". A ce stade-là, généralement, les hommes noient leur détresse dans la dive bouteille. C'est déjà triste, c'est déjà glauque mais là, pour Saul Karoo, c'est encore pire! Car tout ce qu'il avait malgré tout pas trop mal réussi, même malgré lui, va lui échapper, de sa pseudo-intégrité professionnelle à sa presque non-relation filiale, en passant par, et ça c'est un vrai drame, sa façon de noyer sa lucidité dans l'alcool. Parce que non seulement il a une vie de merdouille et il en est conscient, mais en plus il ne connaît plus les brouillards de l'ivresse. Non, rien du tout! même après un nombre incroyable de verres! Et ça, c'est la vraie loose, la vraie de vraie. Non, sérieusement Tesich a torturé son personnage, lui faisant vivre tout ce qu'il pouvait lui arriver de pire, en pleine lucidité! C'est bien vu, c'est féroce, c'est- oserais-je le dire, drôlement horrifiant. Pour ceux qui ne l'auraient toujours pas lu, si vous aimez les histoires de vrais loosers, courez-y! Oui, parce que là, et j'en ai lues des histoires de super loosers, anti-héros aux cheveux gras et tristes, à la bedaine torturée et aux relations familiales proches du néant, Karoo est hors-compétition, indéniablement.<br />
J'émettrai juste un petit bémol sur la fin du roman, que j'ai trouvée très décevante. Peut-être parce que le reste est très bien, peut-être parce que l'auteur est mort trop tôt pour la retravailler. C'est dommage, parce que sinon, c'est é-nor-me! <br />
<br />
<br /></p>
<blockquote><p>J'étais de nouveau au vin rouge; j'avais commencé par ça en arrivant à la fête. Entre-temps, j'avais avalé toutes les sortes de boissons alcoolisées servies sur place. Vin blanc. Bourbon. Scotch. Trois vodkas différentes. Trois cognacs différents. Champagne. Liqueurs diverses et variées. Grappa. Rakija. Deux canettes de bière mexicaine et plusieurs coupes de lait de poule aromatisé au rhum. Le tout sur un estomac vide, et malgré ça, hélas, trois fois hélas, j'étais toujours sobre comme un chameau.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>A ma plus grande horreur, je vis que je pesais cent douze kilos. <br />
J'en restai bouche bée.<br />
Quoi!<br />
Je n'avais jamais, de toute ma vie, pesé cent douze kilos. Même tout habillé, avec de grosses chaussures et beaucoup de monnaie dans mes poches, je n'avais jamais, au grand jamais, été au-delà des cent kilos.<br />
Abasourdi, je fixai le chiffre. Je le fixai comme j'aurais contemplé les chefs d'accusations totalement fictifs de crimes que je n'aurais pas commis.<br /><br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>D'après elle, tous mes problèmes, sans exception, sont causés par le chaos qui règne dans mon subconscient. Mon alcoolisme. Mon infidélité conjugale. Ma triste performance de père. Mes mensonges constants, à moi-même et aux autres. Ma pathétique barbe hirsute. Mon indifférence face aux sentiments des autres. Mon manque de respect pour mon apparence physique.<br />
"Mais regarde-toi!" s'exclame-t-elle, et je sens les yeux des quatre du mur de Berlin se tourner pour se fixer sur moi. "Tu deviens gros, chéri. Vraiment, tu sais. C'est vrai. Tu n'es plus seulement en surcharge pondérale. Tu es gros, mon chou. Je ne vois même pas la chaise sur laquelle tu es assis. Pour ce que j'en vois, il n'y a pas de chaise. Pour ce que j'en vois, tu es juste affalé, avec tes coudes sur la table. Et cette malheureuse barbe que tu te fais pousser ne trompe personne. Tous les hommes qui ont honte de leur apparence physique se font pousser la barbe. Surtout les gros. Au rthme où tu y vas, Dieu nous en garde, tu vas bientôt te mettre à porter des cols roulés noirs, en plus. Et pourquoi ça? Tu sais pourquoi? Tu veux le savoir?"<br /></p></blockquote>
<p><br />
Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2014/07/16/Karoo-Steve-Tesich#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/4801856La Route - Cormac McCarthyurn:md5:f255b41bb3d8e9e2a1d74419be8f0a362014-07-15T12:00:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansCormac McCarthyEtats-Uniséditions de l Olivier <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/.laroute_m.jpg" alt="laroute.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="laroute.jpg, juil. 2014" /> Attention best-seller ! Si si, des millions d'exemplaires vendus, des milliers de critiques et chroniques internationales, une adaptation au cinéma, et j'en passe. <em>La Route</em> de McCarthy fait partie des livres dont on a beaucoup parlé et qui ont marqué, réellement, la littérature contemporaine.<br />
Publié en français en 2008 aux éditions de l'Olivier, cela faisait un petit moment que <em>La Route</em> patientait sur mes étagères. Je n'aime pas vraiment lire les livres quand ils sont en plein dans l'actualité à vrai dire, sans doute pour me dire que ma lecture sera moins influencée par le tapage médiatique ambiant. Bref, j'ai quand même pris une claque, une belle! Je connaissais de McCarthy <em>Méridien de sang</em> (que je vous conseille chaleureusement -mais pas tout de suite après le petit déjeuner) et savait donc que son style était épuré et âpre. Je m'attendais également à un livre plus violent, plus trash, mais non. Il s'agit d'une belle histoire, celle d'un père et son fils qui sont sur la route, jusqu'au bout, dans un monde qui semble déjà arrivé à son terme. <br />
Roman allégorique, initiatique, <em>La Route</em> est avare de mots, économe d'explications, chiche de procédés littéraires. Sa lecture en est "routinière" mais ce dépouillement sert admirablement le propos. Que reste-t-il quand il ne reste rien d'un monde que l'on a connu? Quel sens peut-il y avoir à rester sur le chemin? Quelle est cette route? McCarthy traite avec brio ces questions vieilles comme le monde : Qui suis-je? Où vais-je? Pourquoi? Pour quoi? Un roman universel qui ne sombre jamais ni dans le pathos ni dans l'égocentrisme. <br />
Quelques extraits pour la route : <br />
<br /></p>
<blockquote><p>L'homme tira l'enfant contre lui. Rappelle-toi que les choses que tu te mets dans la tête y sont pour toujours, dit-il. Il faudra peut-être que t'y penses.<br />
Il y a des choses qu'on oublie, non?<br />
Oui. On oublie ce qu'on a besoin de se rappeler et on se souvient de ce qu'il faut oublier.<br />
<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Sur cette route il n'y a pas d'hommes du Verbe. Ils sont partis et m'ont laissé seul. Ils ont emporté le monde avec eux. Question : Quelle différence y a-t-il entre ne sera jamais et n'a jamais été?<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br /></p>
<blockquote><p>Il n'y a personne à voir. Tu veux mourir? C'est ça que tu veux?<br />
Ca m'est égal, dit le petit en sanglotant. Ca m'est égal.<br />
L'homme s'arrêta. Il s'arrêta et s'accroupit et le serra contre lui. Je te demande pardon, dit-il. Ne dis pas ça. Tu ne dois pas dire ça.<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br />
Pour aller plus loin : <br />
<a href="http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=57894" hreflang="fr">Un bel article du Matricule des anges</a><br />
<a href="http://www.fricfracclub.com/spip/spip.php?article372" hreflang="fr">L'avis du fricfracclub</a><br /></p>
<p><br /></p>
<p>Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2014/07/15/La-Route-Cormac-McCarthy#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/4801836La Prière d'Audubon - Isaka Kôtarôurn:md5:3440b66ac7e938f7a0a1db5c7a589a442014-05-01T16:31:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansJaponKôtarôPicquier <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/.priereaudubon_s.jpg" alt="priereaudubon.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="priereaudubon.jpg, mai 2014" /> Pourquoi et comment le héros (pas très glorieux) de ce roman se retrouve sur cette île presque fantastique? Quel rapport avec Audubon, l'ornithologue? C'est ce que le lecteur découvrira au fil des pages de ce beau roman japonais, quasi initiatique, entre tradition et modernité. Un beau texte, sensible, qui traite avec poésie du destin et de la vie. Si vous aimez les mystères, les personnages un peu étranges et les intrigues travaillées, n'hésitez plus. <em>La Prière d'Audubon</em> devrait vous plaire. Edité par Picquier (disponible en poche), le livre est bien traduit, maquetté avec soin, avec une jolie couverture. Très très agréable, vraiment. Je vous laisse juger sur pièces.<br />
<br />
<br /></p>
<blockquote><p>" Toi, tu vas prendre la fuite." Ma grand-mère, qui est morte d'un cancer, avait clairement énoncé cette phrase il y a deux ans, en pointant le doigt sur moi. Elle avait l'air de faire une prophétie. Mais elle avait dit vrai : aucun doute, j'étais du genre à prendre la fuite quand je me trouvais confronté à un problème.<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br /></p>
<blockquote><p>"Tu vois le chat, là, sous le grand orme? a dit Hibino.<br />
- Oui.<br />
- Tant qu'il ne bouge pas du pied de l'arbre, ça veut dire que le temps va rester au beau.<br />
- Hein?<br />
- S'il grimpe sur l'arbre, ça veut dire qu'il va bientôt pleuvoir.<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br /></p>
<blockquote><p>Hibino avait beau ressembler à un chien, il n'avait pas beaucoup de flair. Sa réaction a été plutôt lente. Ou peut-être qu'il n'était pas du genre rapide, intellectuellement parlant.<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br />
Pour aller plus loin : une interview très intéressante de la traductrice, Corinne Atlan sur le blog encathymini. Cela commence <a href="http://www.encathymini.fr/duboutdeslettres/2012/07/06/la-traduction-litteraire-avant-detre-un-metier-cest-une-passion-entretien-avec-corinne-atlan-12/" hreflang="fr">ici</a> et se poursuit <a href="http://www.encathymini.fr/duboutdeslettres/2012/07/07/la-traduction-litteraire-avant-detre-un-metier-cest-une-passion-entretien-avec-corinne-atlan-22/" hreflang="fr">là</a>.
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Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2014/05/01/La-Pri%C3%A8re-d-Audubon-Isaka-K%C3%B4tar%C3%B4#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/4795031Les Chaussures italiennes - Henning Mankellurn:md5:a51af740411397dee568919237db21912014-03-16T17:01:00+00:00lesfeuillespasmortesRomansEditions du SeuilHenning MankellPointsSuède <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/.chaussuresitaliennes_s.jpg" alt="chaussuresitaliennes.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="chaussuresitaliennes.jpg, mar. 2014" />Voici un livre qui m'avait été conseillé plus d'une fois. Je l'ai donc offert à mon père puis le lui ai emprunté pour le lire. Son verdict : "il est bien mais sans plus". Le mien : "ben zut alors, j'aurais mieux fait de lui acheter autre chose, encore une déception". <br />
Oui, j'ai été déçue, entre autres parce que j'ai eu quasi en permanence l'impression de lire un scénario de film gentillet où l'on nous répète à l'envi que la vie, c'est précieux (ah bon), qu'il faut en profiter et qu'il n'est jamais trop tard pour renouer avec des personnes qui ont marqué nos vies. Et je passe les scènes, oui, les scènes, où le lecteur imagine très bien comment on pourrait filmer le bousin. Et puis chaque personne est caractérisé par une manie ou un accessoire. Pour faire juste, pour faire vrai, pour décrire facilement, comme ça c'est simple : chacun rentre dans sa petite case de pas tout-à-fait dans les normes. Et puis, je vous passe le pseudo mystérieux événement qui a fait basculer la vie de notre personnage principal. On le sent venir à plein nez. Zéro surprise, non, zéro (à part une au milieu, peut-être). Et en plus, c'est triste (parce que la vieille chienne meurt, la vieille chatte meurt, la jeune déprimée meurt, la vieille malade ex-amour de jeunesse meurt), bref, c'est dur la vie et les vieux meurent tous un jour, rien de nouveau sous le soleil. Non, le plus grand mystère, qui se dissipe vers le milieu du livre, c'est le rapport avec le titre du livre, si tant est que ce soit très important... <br />
Bon, vous l'aurez compris, j'ai été agacée. Oui, agacée par ce roman qui "fait le job" (situation initiale - élément déclencheur- péripéties - situation finale un peu ouverte, personnages que l'on pourrait qualifier d'atypiques, bribes d'humour, séquences émotion, style très fluide) mais qui m'a semblé, <em>in fine</em>, extrêmement surfait et superficiel. J'en attendais peut-être trop. Bon, je vous en mets quelques extraits quand même : <br />
<br /></p>
<blockquote><p>Dans un autre temps, juste après la catastrophe, il m'est arrivé, oui, de vouloir en finir. Pourtant, je ne suis jamais passé à l'acte. La lâcheté a toujours été une fidèle compagne de ma vie.<br />
<br />
Quand Harriet, avec son déambulateur vert, est entrée dans le rectangle de lumière qui tombait sur la neige, j'ai eu l'impression de la voir comme dans un rayon de lune se reflétant sur l'eau.<br />
<br />
J'avais compris qu'un pourboire excessif était aussi humiliant, pour mon père, qu'un pourboire trop modeste, ou même qu'une absence de pourboire. Quoi qu'il en soit, il l'avait transformé en chapeau rouge pour ma mère.<br /></p></blockquote>
<p><br />
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Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2014/03/16/Les-Chaussures-italiennes-Henning-Mankell#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/4791162Une trop bruyante solitude - Bohumil Hrabalurn:md5:c59aee8d40c93162cf59819c354828622013-12-09T21:55:00+00:00lesfeuillespasmortesRomansHrabalRobert LaffontRépublique tchèque <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/.unetropbruyantesolitude_s.jpg" alt="unetropbruyantesolitude.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="unetropbruyantesolitude.jpeg, déc. 2013" /></p>
<p>J'ai découvert Bohumil Hrabal quand je devais avoir 15 ans. Une galette des rois organisée dans un théâtre avec une lecture d'extraits de cet auteur. Pour une fois que j'avais de la chance, j'eus la fève et gagnai une place pour un ciné-concert Chaplin-Tiersen (c'était <em>The Kid</em> si je me souviens bien et c'était magique). Bref, de cette lecture, je n'ai malheureusement retenu que le nom de l'auteur (mais peut-être étais-je l'esprit ailleurs aussi) et il m'a fallu plus d'une décennie 1/2 pour le lire ! Et encore, c'est bien parce que j'étais à Bordeaux, dans une chouette librairie, et qu'un libraire l'avait mis en coup de coeur (symbolisé par un petit post-it rose fluo). Comme quoi, il y a des auteurs que l'on croise par hasard et dont on retient et le nom et la force de la plume (parce que, même si je ne l'avais pas lu, je me souviens que j'avais trouvé ses textes lus d'une très grande beauté, oui quand même, sinon je ne retiens pas).</p>
<p>Bohumil Hrabal est donc un grand auteur tchèque décédé en 1997. Par chance, on trouve en ligne sur le site de l'INA <a href="http://www.ina.fr/video/I08050784" hreflang="fr">un extrait d'une entrevue</a> filmée de 1992. Ce court extrait vous donnera déjà une mise en bouche de son expression. Présenté comme ça, ça fait un peu auteur sérieux et triste mais non, absolument pas ! C'est drôle, caustique, fin, intelligent et bien mené. Si l'on prend par exemple <em>Une</em> <em>trop</em> <em>bruyante</em> <em>solitude</em>, c'est sûr que le titre (magnifique oxymore mais presque) peut laisser croire que le texte est d'une tristesse à se pendre, eh bien non! Le texte met en scène un ouvrier devant détruire les livres. Drôle de job s'il en est (mais le pilon existe bien, qu'on se le dise) et drôle d'ouvrier qui exécute sa tâche avec une application d'orfèvre. Je n'en dis pas plus. C'est un livre anti-censure et anti-machinisme-anti-productivisme, une ode à la liberté. Et ça fait du bien !</p>
<blockquote><p>Voilà trente-cinq ans que je travaille dans le vieux papier, et c'est toute ma love story. Voilà trente-cinq ans que je presse des livres et du vieux papier, trente-cinq ans que, lentement, je m'encrasse de lettres, si bien que je ressemble aux encyclopédies dont pendant tout ce temps j'ai bien comprimé trois tonnes;</p></blockquote>
<blockquote><p>Si je me retourne brusquement, si je crie ou m'agite en dormant, j'entends, épouvanté, le glissement des livres, il suffirait d'un frôlement, d'un cri pour que tout s'abatte du ciel sur moi comme une avalanche, une corne d'abondance qui viderait sur moi ses livres rares et m'aplatirait comme un pou, j'ai souvent l'impression d'un complot tramé par ces livres pour venger les innocentes souris que je mets tous les jours en bouillie. Toute méchanceté se paie.</p></blockquote>
<blockquote><p>
Trente-cinq ans j'ai tassé du papier dans ma presse mécanique, trente-cinq ans j'ai cru que ma façon de détruire la maculature était la seule possible, mais voilà qu'aujourd'hui j'ai appris qu'à Bubny une gigantesque presse hydraulique faisait le travail de vingt engins comme le mien.</p></blockquote>
<p>Ce magnifique texte est disponible en édition de poche aux éditions Robert Laffont (collection "pavillons poche"), pour 6€. Et la traduction, très agréable, est de Anne-Marie Ducreux-Palecinek.</p>
<p>Grimmy</p>
<p>Post-scriptum : un <a href="http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/hrabal/bohumilhrabal.html" hreflang="fr">très bel article</a> est en ligne sur Esprits nomades.</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2013/12/09/Une-trop-bruyante-solitude-Bohumil-Hrabal#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/4781338Glamorama - Bret Easton Ellisurn:md5:eb128bb3b28c45aeedd733cba5cae70a2013-11-21T00:27:00+00:00lesfeuillespasmortesRomans10-18EllisEtats-Unis <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/.glamorama_couv_s.jpg" alt="glamorama_couv.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="glamorama_couv.jpg, nov. 2013" /></p>
<p>Après <a href="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?q=american">American Psycho</a>, lu trois ans auparavant, je me suis attaquée cet été à Glamorama (publié en 98, il précède donc l'ouvrage le plus célèbre de l'auteur). Je l'avais acheté par hasard, lors de la visite d'une librairie de livres anciens et d'occasion (ou bouquinerie très bien rangée si vous préférez). Je n'aime pas sortir les mains vides, l'ai vu, c'était un gros poche pas très cher (3 € officiellement, moins finalement car le libraire est sympa), j'en avais entendu parler, bref.</p>
<p>Depuis il occupait patiemment l'étagère des poches en attendant un moment propice. Pour les gros poches qui ont vécu et qui sont un peu "rébarbatifs" (cad écrits petits et serrés), le moment propice chez moi ce sont les vacances d'été avec une longue période de camping qui permet de lire avec une lampe torche le soir ou le matin sous la tente ou au bord de la rivière ou sous un arbre. En gros, pour l'été, il me faut de gros livres qui ne craignent rien et qui surtout ne me laissent pas le choix (je lis ça ou rien du tout, donc ça). Je me rends compte en écrivant que je ne suis pas très engageante pour cet ouvrage alors que je l'ai lu, qu'Attila l'a lu, que nous en avons beaucoup discuté.</p>
<p>Glamorama en fait, c'est comme American psycho pour le style et certaines scènes (il y a du trash, ça met longtemps à démarrer, le lecteur est si inondé de détails et de dialogues oiseux qu'il peine à retenir ce qui est important pour comprendre ce qu'il se passe -j'ai d'ailleurs dû relire tout le départ car j'ai compris en cours de lecture que j'avais raté des indices importants), mais avec des paillettes, dans le monde du glamour et des stars. Ces dernières sont aussi vides que des pantins, elles souffrent, agissent, subissent et agacent. Pas de matière, pas d'élan romanesque, pas de psychologie, nada. Nada de chez nada.</p>
<p>Et malgré tout, une fois prise dans le roman, je voulais comprendre, savoir où j'allais être amenée. Selon moi, c'est cela qui fait l'intérêt de ce roman : on peut faire un roman sur du vide, en démontant des icônes populaires, en torturant ce que l'on peut voir comme "du rêve américain" (je veux dire, les stars, mannequins, acteurs, etc, sont adulées, vénérées, ce sont des modèles de réussite désignés par et pour la population) et en se jouant des lecteurs en réutilisant les mêmes codes, les mêmes recettes que celles des industries dénoncées.</p>
<p>Ceux qui veulent lire un roman glamour avec des paillettes ne l'auront pas, ceux qui cherchent une critique virulente du système médiatique la trouveront peut-être (et encore?), ceux qui aiment le vide apprécieront. Quant à nous : Attila en concluait que l'auteur est un nihiliste et qu'il ne voyait pas trop l'intérêt, je crois plutôt que le roman est intéressant, au moins en tant que témoignage d'une pseudo-époque, en tant que phénomène éditorial et en tant qu'"attrape-lecteurs". Bret Easton Ellis reste pour moi un très bon réalisateur de mises en abyme complexes.</p>
<p>Quelques extraits :</p>
<blockquote><p>- Tu te souviens de cette période pendant laquelle tu n'arrêtais pas de te massacrer les cheveux et de les teindre de toutes les couleurs, et que tu n'arrêtais pas de pleurer?
- Victor, j'étais suicidaire, dit-elle en sanglotant. J'ai failli faire une overdose.
- Baby, le fait est que tu n'as jamais perdu un booking.
- Victor, j'ai vingt-six ans. Ca fait cent cinq ans en années-mannequin.</p>
<p></p></blockquote>
<blockquote><p>Chloé se perd dans son reflet sur un miroir situé de l'autre côté de la pièce, alors que Brad Pitt et Gwyneth Paltrow la félicitent du choix de son vernis à ongles, et progressivement nous nous éloignons l'un de l'autre, et ceux qui ne prennent pas de drogues allument des cigares, et donc j'en prends un moi aussi, et quelque part au-dessus de nous, nous contemplant, les fantômes de River Phoenix et de Kurt Cobain et de ma mère s'ennuient totalement, absolument.</p>
<p></p></blockquote>
<blockquote><p>- Pourquoi moi, Bobby? Pourquoi avoir confiance en moi?
- Parce que tu penses que la bande de Gaza est probablement un groupe de rock. Parce que tu penses que l'OLP a enregistré les chansons "Don't Bring Me Down" et "Evil Woman".
Silence jusqu'à ce que le téléphone sonne.</p>
<p></p></blockquote>
<p>Glamorama est disponible chez 10-18 en poche pour 10,20 € (ou 9,69 si vous avez les 5% de remise).</p>
<p>Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2013/11/21/Glamorama-Bret-Easton-Ellis#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/4779444Le Maître et Marguerite - Mikhaïl Boulgakovurn:md5:c99d9967385d61a8b1ad3d59dc607c502012-09-28T18:55:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansBoulgakovRussie <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/maitreetmarguerite.gif" alt="maitreetmarguerite.gif" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="maitreetmarguerite.gif, sept. 2012" />Attention chef-d'oeuvre ! Ce livre va vous piquer les yeux, vous brûler les mains et corrompre votre esprit (s'il peut l'être davantage) ! <br />
<br />
Le Maître et Marguerite est un roman d'amour fantastique, composé par Boulgakov. Il est -et je pèse mes mots- magique. Est-ce qu'il vous entraînera vous-aussi dans les abîmes de la société russe? Seul le diable le sait !<br />
<br /><br /></p>
<blockquote><p>La conduite du chat frappa Ivan d'un tel étonnement qu'il demeura cloué près d'une épicerie qui faisait le coin de la place. Là, il fut frappé d'étonnement une seconde fois, et beaucoup plus fortement encore, par la conduite de la receveuse. (...). Qu'un chat cherche à s'introduire dans un tramway, il n'y aurait eu là, somme toute, que demi-mal. Mais qu'il prétende payer sa place, c'est cela qui était stupéfiant. Or, ni la receveuse ni les voyageurs n'en semblaient troublés.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Et là, le poète s'arrêta, plongé dans l'embarras, principalement par le mot "défunt". Il y avait là, certainement, une ineptie : comment cela "je me suis rendu avec le défunt"? Les défunts ne se promènent pas ! Effectivement, on allait le prendre pour un fou!<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>En se voyant dans la glace, Nikolaï Ivanovitch poussa un hurlement d'épouvante, mais était trop tard. Et, quelques secondes plus tard, chevauché par Natacha, il s'envolait de Moscou le diable sait pour quelle destination, en sanglotant de désespoir.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<p>Pour aller plus loin :<br />
<a href="http://www.masterandmargarita.eu/fr/index.html" hreflang="fr">un site consacré au roman</a>.<br />
<a href="http://www.ebooksgratuits.com/html/boulgakov_maitre_et_marguerite.html">L'ebook gratuit contenant le texte</a><br /><br />
<br />
Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2012/09/28/Le-Ma%C3%AEtre-et-Marguerite-Mikha%C3%AFl-Boulgakov#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/2592068Alexis Zorba - Nikos Kazantzakisurn:md5:20facfb278d64c324bbb86023cddc94f2012-08-27T18:42:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansGrèceKazantzakisPocket <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/.zorba_s.jpg" alt="zorba.jpeg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="zorba.jpeg, août 2012" />Cet été, si je ne suis pas physiquement partie en Grèce, j'ai tout de même profité d'un voyage imaginaire en Crète, sur les traces d'Alexis Zorba. Zorba le Grec est d'ailleurs une figure connue, grâce au film de Michael Cacoyannis, plus connu peut-être que son créateur, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%ADkos_Kazantz%C3%A1kis" hreflang="fr">Kazantzakis</a>, auteur influencé entre autres par Nietzsche. Je suis sûre que vous avez déjà entendu la <a href="http://www.youtube.com/watch?v=9Y6I2hLN4LQ" hreflang="fr">bande originale du film</a> réalisée par Mikis Theodorakis, si, si, au moins une fois (j'apprends d'ailleurs que le sirtaki est né pour les besoins du film). <br />
<br />
Alors, Alexis Zorba, c'est le soleil, le raki, la cuisine crétoise, la violence, la danse, la vie. C'est surtout l'histoire d'une belle amitié entre deux hommes qui ne se ressemblent pas. L'un, le narrateur, est davantage dans l'étude et la contemplation, l'autre, dans l'action. Une histoire simple, belle et ponctuée d'aphorismes. Une histoire d'hommes, avec leurs défauts (dont une certaine misogynie, qui, je l'avoue m'a un peu agacée). L'écriture est pure, solaire. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans ce classique de la littérature grecque : il vous fera voyager, c'est une ode à la liberté.<br />
<br /></p>
<blockquote><p>- Comment t'appelles-tu?
- Alexis Zorba. On m'appelle aussi Pelle-à-four pour me blaguer de ce que je suis long avec un crâne aplati comme une galette. Mais on peut bien dire ce qu'on veut! On m'appelle encore "Passa Tempo" parce qu'il fut un temps où je vendais des graines de citrouille grillées. On m'appelle aussi Mildiou partout où je vais, il paraît que je fais des ravages. J'ai encore d'autres sobriquets, mais ce sera pour une autre fois...<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>- Je ne sais pas, moi, patron. Ca dépend. Il y a des cas où même le sage Salomon... Tiens, un jour, je passais dans un petit village. Un vieux grand-père de quatre-vingt-dix ans était en train de planter un amandier. "Eh! petit père, je lui fais, tu plantes un amandier?" Et lui, courbé comme il était, il se retourne et il me fait : "Moi, mon fils, j'agis comme si je ne devais jamais mourir." Et moi, je lui réponds : "J'agis comme si je devais mourir à chaque instant." Qui de nous deux avait raison, patron?<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>J'étais heureux, je le savais. Tant que nous vivons un bonheur, nous le sentons difficilement. C'est seulement quand il est passé et que nous regardons en arrière que nous sentons soudain - parfois avec surprise - combien nous étions heureux. Mais moi, sur cette côte crétoise, je vivais le bonheur et savais que j'étais heureux.<br /></p></blockquote>
<p><br />
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Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2012/08/27/Alexis-Zorba-Nikos-Kazantzaki#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/2434686Je suis le tigre sur tes épaules - Günter Ohnemusurn:md5:45adea28a2137c073909b9de0925ba842012-06-26T18:35:00+01:00lesfeuillespasmortesRomansActes sudAllemagneOhnemus <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/.tigreepaules_m.jpg" alt=" " style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title=" , juin 2012" /> C'est parce que sa couverture m'a plu et parce qu'un(e) bibliothécaire l'avait bien mis en avant sur une étagère que j'ai emprunté ce livre. Günter Ohnemus est un auteur allemand, ancien éditeur et libraire, qui est surnommé, depuis ce titre, le Salinger allemand (excusez du peu !).<br />
<br />
Bon, autant vous le dire tout de suite, je trouve la comparaison avec Salinger forcée. On repassera donc si l'on recherche un texte âpre et buriné. Ici, il s'agit plutôt d'une jolie histoire d'amour entre deux adolescents très attachants et favorisés (ils brillent d'intelligence, de beauté, d'humour, <em>so perfect</em> - ils peuvent se goinfrer de glace tout en gardant la ligne et une peau impeccable, c'est vous dire !). Le texte est bien écrit, le récit bien mené et c'est donc avec plaisir que l'on suit les confidences de Vincent. Le temps de cette lecture, j'ai pu retrouver mes 15 ans... (en édulcorant beaucoup). C'est doux et "un peu de douceur dans un monde de brutes", cela ne se refuse pas<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Mais les parents de Tiffany sont sacrément riches. Sa mère spécule en Bourse et son père construit des stations d'épuration en Californie. D'ailleurs, leur piscine est à peu près aussi grande qu'une station d'épuration.<br />
<br /></p></blockquote>
<blockquote><p>Toutes les autres filles étaient à moitié nues et Susanna gardait le haut de son maillot. Je veux dire, je ne suis pas non plus du genre puritain maniaque, mais je trouve ça idiot quand les gens font comme si un sein n'était ni plus ni moins qu'un gros orteil. Quand on discute avec une fille qui a les seins nus, c'est à peu près aussi embarrassant que quand on est assis dans le train en face d'un couple qui s'embrasse allègrement en public. On ne sait pas où regarder.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Les garçons ne sont pas beaux. Je veux dire, ils peuvent parfois être pas trop mal, mais il n'y a rien chez eux qui pourrait faire perdre la tête à qui que ce soit. Et les garçons ne sont pas non plus particulièrement intéressants. (...). Et quand, pour une fois, ils ont vraiment quelque chose d'intéressant à dire, alors ils crânent comme c'est pas permis. Je trouve que les garçons n'ont vraiment rien de spécial. Je crois sincèrement que si j'avais été une fille j'aurais été lesbienne.<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br />
Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2012/06/26/Je-suis-le-tigre-sur-tes-%C3%A9paules-G%C3%BCnter-Ohnemus#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/2122073L'appât - José Carlos Somozaurn:md5:92fb48e149522b86ab7a5eeb3d476fcc2012-02-29T19:19:00+00:00lesfeuillespasmortesRomansActes sudSomoza <p><img src="http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/public/appat.jpg" alt="appat.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="appat.jpg, fév. 2012" /> José Carlos Somoza est un auteur que j'avais découvert et apprécié grâce à <em>La Caverne des idées</em>, aussi quand j'errai désoeuvrée dans une librairie et que je vis son dernier opus (bon, c'était il y a bien 4 mois), je l'ai acheté, malgré la remarque d'Attila : "Tu prends ça?" (grosse moue devant la couverture). C'est vrai que la couverture ne nous appâte pas vraiment (en même temps, objectivement, c'est une bonne couverture : du rouge, du sombre, un univers fantastique et un sein qui pointe, ça peut ramener du chaland) mais connaissant Somoza, je ne prenais pas grand risque. <br /><br />
D'ailleurs le risque en valait la chandelle car j'ai passé un bien agréable moment avec ce roman qui nous entraîne dans une ambiance madrilène post-post-moderne, dans une sorte de thriller bien ficelé (j'aurais pu écrire haletant mais c'eut été un peu trop publipub) et regorgeant de références shakespeariennes. En somme, un roman divertissant qui se révèle être un bel hommage (ou une déclaration d'amour si vous préférez) au théâtre, et plus particulièrement au théâtre shakespearien. En tous cas, cela m'a donné bien envie de relire ou de revoir des pièces de théâtre.<br />
<br />
Je ne vous ai donc toujours pas dit de quoi parlait ce roman : de théâtre, de masques, de pulsions, de types, de crimes et d'amour, le tout à travers la course contre la montre que mène Diana Blanco, appât professionnel formée à la technique des "masques", afin de protéger sa jeune soeur d'un monstrueux méchant.<br />
<br /></p>
<blockquote><p>L'homme semblait normal, ce qui me fit penser qu'il était dangereux. Sa maison, ou celle où il me conduisit en la présentant comme telle, donnait la même impression de normalité excessive : (...). L'intérieur sentait le propre et était rangé, ce qui m'intrigua également. Il m'avait dit qu'il vivait seul, et tout cet ordre chez un homme seul était inquiétant.<br />
<br />
J'étais un monstre, et je le savais. C'était mon travail. (...). A la surface comme à l'intérieur, je devais être ce que le monstre souhaitait obtenir quand il mordait.<br />
<br />
Le psynome ne peut être feint ou dissimulé : notre plaisir est une formule mathématique. Même si on essayait, les ordinateurs le découvriraient. Et quand la philia du délinquant est déterminée, nous les appâts nous réalisons des masques pour l'attirer.<br />
<br /></p></blockquote>
<p><br />
Grimmy</p>http://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?post/2012/02/29/L-app%C3%A2t-Jos%C3%A9-Carlos-Somoza#comment-formhttp://lesfeuillespasmortes.blog.free.fr/index.php?feed/atom/comments/1408133